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intéressées de la France sur l’état de Zanzibar, notre ministère des affaires étrangères y répondit en proposant une convention qui stipulait de la part des deux états le maintien de l’indépendance de Zanzibar et de Mascate. Cette convention, qui garantissait également l’indépendance des souverains de Mascate et de Zanzibar vis-à-vis l’un de l’autre, fut signée en 1862.

Devant un engagement de cette nature, tout soupçon eût dû être écarté, et une entente recherchée pour assurer à la fois l’abolition de la traite et la sécurité du sultan. Les négociations entreprises ne donnaient pas l’espoir de mener l’affaire à bonne fin. L’opinion s’établit en Angleterre qu’il n’y aurait de possibilité de triompher de la résistance du sultan que par l’emploi de mesures coercitives, qui ne sont rien moins que la prise de possession de Zanzibar ou la diminution du revenu du sultan. Toutefois, pour contraindre un souverain à remplir des obligations nouvelles, il paraîtrait juste d’offrir une compensation des sacrifices qu’on veut lui imposer ; ce serait après avoir épuisé tous les moyens amiables qu’on justifierait la violence. Maintenant toutes les précautions ont-elles été prises, les moyens dont on dispose ont-ils été judicieusement employés ? Quels ont été les différens systèmes adoptés jusqu’à la mission de sir Bartle Frere, et quelles mesures cette mission devait-elle proposer ? Si les projets qu’on veut mettre à exécution sacrifient un des principes stipulés, à savoir l’indépendance du sultan de Zanzibar, tandis qu’ils ne paraissent pas assurer l’abolition de l’esclavage, si tel doit être le résultat, il est nécessaire de prévenir une détermination trop prompte.

Un seul traité, que corroboraient et développaient des engagemens pris par les différens sultans qui se sont succédé à Zanzibar, réglait la question de la traite. Aux termes de cet acte, consenti en 1845, le sultan Saïd-Saïd interdisait l’exportation des esclaves des états de Zanzibar. Par contre, la traite s’exerçait librement dans ses possessions d’Afrique, comprenant la côte et les îles qui lui font face, du cap Delgado à Brana. Au-delà de ces limites, les négriers convaincus de fraude par le fait même de transport d’esclaves devaient être saisis par les bâtimens de la marine anglaise et étaient justiciables des tribunaux d’amirauté. On a vu que les croisières n’ont point eu pour effet d’empêcher la fraude. Plus tard, le sultan Saïd-Medjid, cédant à de nouvelles instances, interdit le transport des esclaves dans ses états mêmes, du 1er  janvier au 1er  mai de chaque année. C’est dans cette période que les gens du nord venant à Zanzibar, amenés par la mousson du nord-est, se présentaient au marché pour acheter des esclaves qu’ils parvenaient le plus souvent à conduire sur les marchés du monde musulman en dépit des croisières. Le nouveau régime ne produisit pas de résultat appréciable. On