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1866 par le gouvernement italien sur les établissemens d’instruction primaire publics et privés, les gymnases, les lycées, les instituts techniques, les maisons d’éducation fondées et entretenues aux frais d’associations laïques et religieuses[1]. L’enquête ordonnée en 1868 a donné lieu, sur l’instruction élémentaire, à trois grands rapports publiés successivement en 1869, 1870 et 1872.

L’Italie a trouvé beaucoup plus de facilités pour la réorganisation de ses universités et de ses établissemens d’instruction secondaire que pour celle de l’enseignement élémentaire. Là, tout était à créer en quelque sorte ; c’est à peine si la société laïque s’en était sérieusement occupée. Les gouvernemens l’avaient abandonnée au clergé, qui malheureusement n’avait pas mieux accompli cette tâche qu’il ne l’avait fait dans les autres états de l’Europe catholique. Dans son ouvrage sur l’Instruction du peuple, M. de Laveleye fait observer que dans le royaume de Naples les membres de la commission supérieure de l’enseignement public étaient des dignitaires de l’église ou des personnes alliées à quelque congrégation religieuse. « Le grand-conseil de l’université était composé de membres appartenant aux ordres monastiques, et c’étaient ces ordres qui fournissaient presque tous les maîtres aux écoles primaires. L’enseignement secondaire était aux mains des jésuites. À Parme, la duchesse avait confié l’enseignement primaire aux frères, et l’enseignement secondaire et supérieur aux jésuites. À Modène, c’était la congrégation de Saint-Philippe de Néri qui dirigeait l’instruction. En Toscane, les lois anciennes avaient consacré l’indépendance du pouvoir civil et contribué à répandre l’instruction laïque ; mais pendant la réaction qui suivit 1849, un décret du 30 juin 1852 avait abandonné l’enseignement à la direction suprême de l’épiscopat. En Lombardie, le fameux concordat autrichien de 1855 avait donné à l’église les mêmes prérogatives. Ainsi, dans tous les états italiens, successivement réunis au Piémont, le gouvernement trouva l’enseignement abandonné à la direction du clergé séculier et régulier, et il est à remarquer que l’ignorance était d’autant plus générale et plus épaisse que cette domination était plus ancienne et plus exclusive. »

Quelques indications que j’emprunte soit à trois lettres écrites en 1864 au marquis Gino Capponi par M. C. Matteucci, soit à un important rapport adressé en 1865 au roi Victor-Emmanuel par le ministre Natoli, montreront combien il a déjà fallu d’efforts et combien il en faudra encore pour élever l’enseignement populaire en

  1. Documenti sulla Istrusione elementare nel regno d’Italia, 3 forts volumes in-8o ; — Sulle condizioni della publica Istruzione nel regno d’Italia, Milano 1865, 1 vol. in-4o.