La question de l’espèce est celle qui de nos jours divise et passionne le plus les naturalistes. Au milieu des mille nuances d’opinion que comporte un problème aussi complexe, il est possible de distinguer trois tendances, trois théories dominantes : d’une part la théorie transformiste, qui ne voit dans les soi-disant espèces que des formes transitoires dérivées de types antérieurs par voie de modification brusque ou graduée, — d’autre part la théorie de l’immutabilité absolue des types, qui confond la race avec l’espèce, et prétend faire remonter à une création primordiale et unique l’origine de tous les êtres dont les caractères se conservent par voie de génération : entre ces hypothèses extrêmes se place comme système intermédiaire la théorie de la variabilité limitée, qui, se tenant volontiers sur le terrain des faits actuels, étudie sans parti-pris les modifications imprimées aux types dits spécifiques soit par l’action des milieux, soit par l’influence de leur tempérament individuel, soit par la combinaison des lois antagonistes de la variation, de l’hérédité et de l’atavisme : comme toutes les théories éclectiques, celle-ci réunit des esprits de tendance assez diverse : ici les doctrinaires