mer toutes les conditions de gouvernement dans l’autorité personnelle de M. le maréchal de Mac-Mahon. Voilà le problème et le danger. Veut-on un établissement politique avec une organisation constitutionnelle ou sans institutions ? veut-on gouverner « avec les hommes modérés de tous les partis, » selon le mot du chef de l’état, ou avec l’appui d’un parti ? La question est d’autant plus grave que les progrès de la confiance publique tiennent évidemment à une certaine netteté de pensée et de conduite, La solution dépend toujours sans doute de l’assemblée ; elle dépend aussi du gouvernement, du ministère appelé à traduire dans ses actes, comme dans les manifestations de tous ses agens, la politique en faveur de laquelle M. le maréchal de Mac-Mahon s’est prononcé plus d’une fois. M. le ministre de l’intérieur depuis quelques jours semble se donner surtout la mission de surveiller les écarts de discussion et même de les réprimer administrativement. C’est un rôle fort délicat, fort épineux, où il n’est pas sûr de réussir. La meilleure manière d’empêcher la discussion de s’égarer, c’est de donner à l’opinion une direction claire et précise, de résoudre les questions qui ne doivent pas demeurer en suspens, pour en venir enfin à une situation où il ne reste plus qu’à s’occuper des affaires nationales.
Assurément, si l’on veut, toute querelle cessante, tout esprit de parti mis de côté, s’attacher aux intérêts supérieurs et permanens de la France, à ce qui peut rapprocher tous les patriotismes au lieu de les diviser, on a de quoi s’occuper. On a par-dessus tout et avant tout l’armée, cette armée à laquelle le pays s’intéresse, dans laquelle il voit la première, la plus saisissante image de la résurrection nationale et comme un gage de son avenir. C’est une justice à rendre à l’assemblée elle-même, au milieu de ses incohérences et de ses divisions elle se retrouve toujours à peu près unanime, elle ne recule jamais dès qu’il s’agit de l’armée, de la reconstitution de notre puissance militaire. Il y a désormais une chose parfaitement claire, inexorable comme un chiffre : le budget de la guerre dépasse 480 millions. Il faut ajouter à cela des dépenses temporaires qui pèsent sur le budget de liquidation. Ce n’est point évidemment une petite affaire, près de 500 millions de budget militaire, 150 millions de plus qu’en 1869 ! Ce qu’il y a de presque redoutable dans ces chiffres a sans doute une explication aussi plausible que douloureuse. Entre 1869 et 1874 ou 1875, il y a eu les terribles événemens de 1870-1871, dont l’empire a laissé le fardeau à la France, qui ont provoqué tout un travail de réparation, de réforme et de réorganisation. Il a fallu songer à relever nos défenses démantelées, à fermer nos frontières ouvertes, à reconstituer notre matériel, à refaire d’abord une armée, et cet immense travail il a fallu l’entreprendre, l’accomplir par degrés, en même temps qu’on avait à payer 5 milliards pour délivrer le territoire de l’occupation étrangère. Ces dépenses nouvelles, per-