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que souvent le flot jette sur les grèves. La méduse produit des œufs ; de ces œufs sortent de petites larves couvertes de cils vibratiles. Bientôt fixée sur une roche, la jeune larve devient un polype, ce dernier se multiplie par des bourgeons. À un moment, une transformation a lieu, des disques se détachent du polype et demeurent libres ; ce sont autant de méduses. Voici des plantes inférieures par la structure, des algues abondantes dans les eaux douces, fort bien étudiées par M. Sirodot de Rennes. Pendant la première phase de la vie, le végétal n’a pas d’organes sexuels, il se propage néanmoins par des cellules qui viennent à s’isoler ; dans la seconde phase, il prend une physionomie nouvelle, et la multiplication s’effectue par des pores. Partout le cycle offre une merveilleuse régularité. Malgré des particularités fort diverses, l’évolution suit une marche invariable et s’arrête pour chaque espèce à une limite qui n’est jamais dépassée. Rien donc dans la nature n’autorise à supposer une évolution perpétuelle.


IV.

Contre l’idée de modifications continuelles parmi les êtres, il faut bien opposer que, depuis le temps des premières observations, les espèces n’ont pas subi le moindre changement. Une période de quelques siècles est jugée insignifiante ! — Les tombeaux de l’Égypte nous ont conservé des plantes et des animaux ; mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, insectes, sont identiques à ceux qui vivent de nos jours. Si plus de trente siècles n’ont pas suffi pour imprimer à l’un ou l’autre des types une variation appréciable pour les yeux les plus exercés à découvrir d’imperceptibles nuances, est-il donc croyable qu’une période dix fois, vingt fois, cent fois plus longue exerce une influence considérable ? Trois mille ans ! cela compte à peine dans les calculs des partisans de l’évolution perpétuelle ; on doit songer à une accumulation de milliers de siècles. L’exemple des plantes et des animaux de l’antique Égypte est déclaré de peu de valeur ; les espèces jetées sur ce coin du monde, étant demeurées soumises aux mêmes conditions depuis l’époque historique, ne devaient pas se modifier. Si les anciens peuples des autres parties du globe avaient enfoui des plantes et des animaux, la comparaison que nous pourrions faire de ces restes avec les individus actuels donnerait certainement lieu aux mêmes remarques et suggérerait de pareilles réflexions. Peut-on douter en effet que les Hindous et les Chinois qui vivaient il y a cinq ou six mille ans aient vu autour d’eux une flore et une faune à peu près de tous points semblables à la flore et à la faune que les naturalistes observent aujourd’hui dans l’Inde et à la Chine ? Assurément non. Quelques espèces