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Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 6.djvu/722

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plus grands services, à l’histoire de l’art pour notre moyen âge ; ils ne sont pas moins utiles pour l’Orient, qui nous en conserve si peu d’exemples. Viennent ensuite sept discours d’un autre historien, Nicetas Choniate, sur la politique de son temps, qui est le XIIIe siècle, l’époque d’Isaac l’Ange, d’Alexis Comnène II et de Théodore Lascaris. Le volume se termine par l’éloge de Nicée, de Siméon Métochite, discours qui décrit une ville byzantine au XIVe siècle, et par le récit de l’ambassade du même personnage près du cral de Servie en 1298. À ces documens, l’auteur ajoute la transcription d’anciens catalogues des bibliothèques du mont Athos et de l’église du Saint-Sépulcre à Constantinople. L’érudition trouve beaucoup à recueillir dans ces pages ; l’histoire n’y est pas moins intéressée par la vérité des peintures et des traits de mœurs. C’est la société des Byzantins et le monde barbare qui revivent devant nous. On sait quelles richesses de couleur fournissent de semblables récits à un écrivain qui sait lire les vieux documens et ranimer le passé.

Nous possédons une foule de chroniques sur l’histoire du royaume français de Chypre, la dynastie des Lusignan (1192-1489) et la domination vénitienne. Le tome II de M. Sathas donne non plus les récits des Occidentaux, mais ceux des Grecs. Le peuple vaincu a le droit de faire entendre son témoignage dans sa propre cause. Le récit de Léontios Macheras va jusqu’à l’année 1458, celui de Bustrone, Français d’origine, devenu Grec de langue et de cœur, jusqu’à l’année 1501. Les deux auteurs ont vécu à la cour et dans les archives ; mêlés aux affaires comme conseillers des princes, ils écrivent sur des pièces officielles, mais n’oublient jamais qu’ils doivent défendre la nation soumise. Ces raisons suffiraient à expliquer la réelle valeur de leurs ouvrages.

Le troisième volume, où les chapitres présentent une grande diversité, pourrait, semble-t-il, être intitulé Documens pour servir à l’histoire du patriarcat de Constantinople depuis la conquête ottomane. Quant au tome IV, qui contient l’histoire de l’empire byzantin pour une période de cent années (976 à 1077) par un homme qui fut une des gloires de son temps, Michel Psellus, il est trop important pour qu’il soit possible d’en parler en quelques mots. Il exigerait à lui seul une étude étendue. Écrivain et politique, Michel Psellus est une des figures les plus originales du moyen âge hellénique. Il résume en lui les qualités du siècle où il a vécu ; dans ce mélange de mérites et d’imperfections, ce qui nous charme surtout, c’est que nous voyons bien à chaque page les formes très particulières qui font l’originalité du caractère grec et le distinguent de tous les autres.

Les volumes qui vont suivre contiendront entre autres textes la correspondance administrative et diplomatique de Michel Psellus, les documens grecs relatifs à l’histoire d’Athènes au moyen âge, une collection des voyageurs grecs. On voit quelle est l’activité de M. Sathas. Avant de commencer sa bibliothèque, il avait déjà donné au public six ou sept