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sur le théâtre de cette grande curée. D’ailleurs sur d’autres points de l’Ukraine des marteaux de pierre ont été trouvés mêlés à des couteaux du même type que ceux de Gontsi. — On écoute ensuite le comte Ouvarof, un des plus brillans chercheurs de la Russie, qui se présentait déjà au congrès de Moscou après avoir touillé 7,729 tumuli dans les districts de Vladimir et de Rostof, qui des kourganes de la Sousdalie a ramené à la lumière le peuple disparu des Mériens, qui sur le rivage de Sébastopol a ressuscité la cité grecque de Cherson : il arrive au congrès de Kief avec de nouvelles découvertes. L’ouverture de tombes anciennes, près de la station d’Ougoditch, gouvernement de Jaroslaf, a été pour lui l’occasion de trouvailles importantes : des ossemens humains, un squelette qui était couché le visage tourné vers l’Orient, ayant sous la tête une grande pierre à aiguiser, des défenses d’animaux qui avaient dû être enfilées en collier, des haches de pierre, des couteaux, des os polis, une garniture de bronze autour d’une dent humaine. Les tombes où ces objets ont été découverts appartiennent évidemment à cette époque intermédiaire entre l’âge de pierre et l’âge de bronze, lorsque les hommes commençaient à travailler le métal, mais conservaient encore leurs anciennes armes.

Le professeur Ivanovski, de l’académie de médecine, connu en France par ses travaux de crâniologie, étudie depuis trois années le gouvernement de Novgorod. Son but est de déterminer quel était le degré de civilisation dans les possessions de Novgorod païenne, et quelle race d’hommes avait vécu sous les lois de l’altière république du lac Ilmen. Les seuls monumens de cette civilisation disparue, ce sont les tumuli qu’on trouve heureusement en grand nombre dans cette région. M. Ivanovski s’est attaché au territoire de trois villages surtout. Rien que dans cette étendue relativement peu considérable il y avait environ 1,500 tombes : l’ancien collaborateur de M. de Quatrefages a pu en fouiller 819. Pour d’autres, les grands arbres dont elles étaient hérissées rendaient trop difficiles les travaux de terrassement. Les kourganes qu’il a pu étudier se divisent en deux catégories : ceux qui ont à leur base un autel de sacrifices et ceux qui n’en ont pas. Voici quelle est la structure des premiers : sur le sol, on a dû former d’abord un cercle de grosses pierres ; dans la moitié occidentale de ce petit cromlech, on a élevé de pierres semblables, non cimentées, une sorte d’autel sur lequel M. Ivanovski a remarqué les restes d’une cendre grasse, des charbons et les os calcinés d’animaux domestiques. Le squelette le plus ordinairement est assis, beaucoup plus rarement on le trouve couché. Dans le premier cas, il est presque toujours adossé au côté oriental de l’autel, les jambes tendues, le visage, tourné vers le