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catholiques de naissance, y compris ceux qui sont devenus positivistes, athées et ennemis de toute religion, à voter sur un article quelconque du catéchisme ; mais, s’il s’agissait pour les coalisés de fonder une église sur une affirmation, ils l’essaieraient en vain, et, pour ne pas se dissoudre, ils n’ont pas d’autre ressource que de baser leur association sur la dissidence même, sur le droit de professer toutes les opinions possibles. Il n’est pas moins vrai qu’à tout contrat il y a deux parties, et tant que les libéraux feront consister leur suprême devoir à ne prendre aucun engagement ni envers la loi, ni envers les congrégations, l’état de son côté ne peut pas s’engager à les subventionner. C’est déjà trop qu’il se soit lié à l’église catholique sans avoir suffisamment exigé qu’elle formulât ce que serait son enseignement ; agir ainsi, c’était, — malgré les réserves du concordat, — reconnaître l’autorité souveraine de la papauté, et lui payer tribut pour la mettre en état de faire enseigner en France tous les nouveaux dogmes qu’elle pourrait adopter. Accepter le libéralisme sans conditions, ce serait aussi l’admettre comme infaillible et lui laisser carte blanche pour toutes les propagandes encore inconnues qui, demain ou après-demain, auraient l’approbation de sa conscience.


J. MILSAMD.


ESSAIS ET NOTICES.

LES LIVRES ILLUSTRÉS.
I. Rome, par M. Francis Wey, Hachette. — II. Les Eaux-fortes de Van Dyck, par M. Duplessis, A. Durand. — III. Inventaire des meubles de Catherine de Médicis, par M. Bonnaffé, Aug. Aubry. — IV. Dix-huitième siècle, institutions, usages et costumes, par M. Paul Lacroix, Didot


Il y a trois ans, un littérateur confiant dans le public et qui avait pu lire lui-même, sans en être découragé, les nombreuses relations qui ont eu Rome pour sujet, entreprit à son tour de décrire la ville éternelle. Il rassembla la plus riche moisson de dessins qu’aucun voyageur eût encore tenté d’appeler au secours de ses récits. Rome antique, Rome chrétienne, avec leurs monumens de tous les âges, avec le Colisée et Saint-Pierre, les musées, les églises, les ruines et le sublime désert qui sert de ceinture et décadré à cet ensemble unique, livraient au lecteur, sans en rien retenir, les secrets de leurs trésors innombrables et de leur beauté. Ceux qui connaissent bien la cité reine purent le constater à chaque page : ils ne se trouvaient pas cette fois aux prises avec un de ces visiteurs superficiels qui se croient obligés d’augmenter, au seul profit de leur vanité, le nombre de ces confidences inutiles qu’on a cent fois rééditées. L’œil de l’auteur savait voir ; de plus, pour beaucoup de