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LE VATICANISME
ET
M. GLADSTONE

I. The Vatican Decrees in their bearing on eivil allegiance, by the Right Hon. W. E. Glastone, 1875. — II. Vaticanism, an answer to replies and reproofs, by the Right Hon. W. E. Gladstone, 1875.

Nous vivons dans le moins dogmatique des siècles, et ceux qui s’applaudissent de la facilité avec laquelle les décisions du dernier concile ont été admises par les croyans devraient s’en inquiéter plus que s’en réjouir, car dans les soumissions trop faciles il entre presque toujours un peu d’indifférence. L’âge des cols raides et des scrupules opiniâtres est passé ; nous ne sommes plus au temps où la question de savoir si les cinq propositions étaient ou n’étaient pas dans Jansénius mettait la France en feu, au temps où d’héroïques religieuses étaient prêtes à tout sacrifier plutôt que de signer un formulaire que désapprouvait leur conscience. Quand les cordeliers déférèrent au pape Pie V soixante et seize propositions de Michel Baius, il se trouva dans la bulle de condamnation une virgule qui, mise à une place ou à une autre, aggravait ou adoucissait la sentence. L’université de Louvain députa auprès du saint-père pour savoir où il fallait mettre la virgule. La cour de Rome envoya pour toute réponse un exemplaire de la bulle où il n’y avait point de virgule. C’était le temps de la foi, rien n’est indifférent aux vrais croyans, ils estiment que les virgules sont des affaires de conséquence. Aujourd’hui on y regarde de moins près ; les consciences sont devenues plus faciles, plus débonnaires, elles sont disposées aux compromis. Aussi ne faut-il pas s’étonner que les décrets du Vatican de 1870 aient fini par être approuvés de ceux même qui les avaient