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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 juillet 1875.

Les affaires politiques et parlementaires de la France suivent en vérité pour le moment une marche des plus extraordinaires. Elles offrent plus que jamais le spectacle de la mobilité dans la confusion, de l’obstination des partis dans une impuissance agitée, de toutes les évolutions et de toutes les tactiques pour arriver à de nouveaux ajournemens, à une nouvelle prorogation de l’incertitude.

Assurément, à ne consulter que la logique d’une situation et les vraisemblances morales, la session qui se rouvrait à Versailles au mois de mai semblait devoir être la dernière d’une assemblée datant déjà de quatre années. Le programme de cette session paraissait tracé d’avance et comme imposé par la force des choses. Une constitution venait d’être sanctionnée, des lois complémentaires restaient à voter avec le budget, avec quelques-unes de ces mesures par lesquelles une assemblée souveraine tient à clore sa carrière. Un ministère venait de se former avec la mission de représenter au pouvoir cet ordre nouveau, de préparer l’application définitive du régime créé le 25 février, de présider à une transition toujours délicate, et ce ministère d’impartialité, de conciliation, semblait assuré d’avance du concours de toutes les opinions modérées dans cette œuvre de transformation régulière et pacifique. C’était un programme d’autant plus naturel que des institutions sont faites apparemment pour être appliquées, et qu’après quatre années d’un règne laborieux une assemblée fatiguée et usée ne peut plus songer raisonnablement qu’à « faire sa retraite. » Qu’en est-il aujourd’hui et que reste-t-il de cette session de trois mois ? C’est précisément ce qu’il y a d’extraordinaire. On dirait que de toutes parts il y a une sorte d’émulation maladive d’agitation, et ces trois mois, au lieu de conduire au dénoûment le plus simple dans les circonstances présentes, n’ont servi qu’à tout compliquer en aggravant les scissions, en troublant les combinaisons les plus naturelles, en multipliant les impossibilités et les inco-