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position d’un objet terrestre lorsqu’on fait un levé topographique.

La disproportion évidente entre la faible longueur de la base d’opération dont on dispose et la distance prodigieuse des objets qu’il s’agit de viser, l’intervalle qu’il faut laisser s’écouler entre les mesures pour obtenir des écarts appréciables, ce sont là des circonstances qui compliquent singulièrement le problème des parallaxes annuelles. Les distances, dans les cas les plus favorables, surpassent quelque cent mille fois l’étendue de la base, et les écarts d’où il faut les déduire sont de simples fractions de seconde, qui le plus souvent sont noyées dans les erreurs d’observation. Aussi pendant bien longtemps la détermination des parallaxes stellaires n’a-t-elle donné que des résultats illusoires.

Les premières tentatives qui aient été faites dans cette voie remontent à Copernic ; l’apparente fixité des étoiles était une objection assez grave contre le mouvement de translation de la terre dans l’espace, et l’illustre astronome polonais espérait l’écarter en constatant qu’en réalité les positions des étoiles éprouvaient de petites variations périodiques. L’imperfection de ses moyens d’observation ne lui permit pas d’atteindre son but. Tycho lui-même, en observant régulièrement la polaire avec des instrumens beaucoup plus précis, ne parvint pas à découvrir la moindre inégalité dans les distances de cet astre au zénith d’Uraniborg. Il fut réservé à Picard de constater le premier avec certitude des variations de ce genre, sans qu’il pût, il est vrai, les expliquer.

L’abbé Picard, prieur de Rillé, était, un des esprits les plus ingénieux de son siècle ; il eût sans aucun doute inauguré l’ère de l’astronomie de précision et de mesure, s’il avait eu les mains libres pour agir, et si son crédit eût égalé celui du brillant Cassini, qu’il avait eu le malheur de faire appeler d’Italie lorsqu’on cherchait un directeur pour l’Observatoire de Paris. La venue de Cassini en France a été une calamité pour la science, car le remuant Italien fit reléguer au second plan le savant profond et modeste dont il eût suffi de mettre à exécution les projets pour assurer à la France la gloire d’avoir tracé à l’astronomie d’observation ses véritables voies. On dédaigna ses avis, et, pendant que Cassini éblouissait la cour par ses faciles découvertes, l’Angleterre prit les devans, et l’observatoire de Greenwich, fondé quelques années plus tard (en 1676), prit son essor entre les mains de Flamsteed et de Bradley, et s’éleva sans peine au premier rang.

L’abbé Picard mourut en 1682. Quelques années plus tard, Flamsteed entreprit à son tour d’observer régulièrement la Polaire avec un quart de cercle muni d’une lunette, et il constata les mêmes inégalités qui avaient déjà frappé l’astronome français, mais sans savoir plus que celui-ci les expliquer. Il avait d’abord cru que ses