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jamais en Californie de juin à octobre dans la région où sont les placers. Les canaux de lavage ne sont vidés qu’à des intervalles éloignés, et l’on comprend avec quelle émotion : toute la récolte d’or est là. Il en est que l’on n’arrête que deux fois dans une campagne, d’autres seulement à la fin. La longueur peut aller jusqu’à 2 kilomètres entre le banc exploité et le ruisseau où se déversent les terres lavées. Sur cette longueur, on ménage des chutes, de sorte que la ligne d’écoulement n’est pas continue; elle a aussi une pente variable. Il n’est pas rare que le poids de mercure jeté dans le canal soit de 2,000 kilogrammes; au prix de 16 francs le kilogramme que le métal a coûté un moment en 1874, cela faisait pour ce chapitre seul une dépense de 32,000 francs. — La quantité moyenne d’or recueilli est variable suivant les gîtes, et descend jusqu’à 1 franc et même 50 centimes par mètre cube de gravier abattu et lavé. Ces titres sont des minimums qui ne peuvent être utilement atteints que grâce aux moyens à la fois si perfectionnés et puissans et en même temps si économiques dont on use. Naguère, avec le système hydraulique primitif, on se tenait pour satisfait de laver avec avantage des graviers qui ne donnaient pas plus de 2 à 3 francs d’or par mètre cube. Il en aurait coûté beaucoup plus, seulement pour abattre un mètre cube de graviers solides, si l’on n’avait pas eu l’eau à sa disposition, l’eau si ingénieusement adoptée ici comme moyen mécanique, tant pour l’abatage que pour le lavage et l’entraînement des sables et des galets. Depuis, les perfectionnemens apportés à la méthode hydraulique ont été tels, que des terres six fois plus pauvres peuvent maintenant être lavées avec profit.

Citons quelques exemples. La Compagnie américaine à Sébastopol, comté de Nevada, avait lavé, à la fin de 1871, environ 6 millions de mètres cubes de graviers, dont elle avait retiré 9 millions de francs en or, ce qui mettait le rendement moyen à 1 fr. 50 par mètre cube. Le banc de gravier qu’elle exploitait avait une hauteur moyenne de 50 mètres et reposait sur un lit de granit. De 1871 à 1873, le rendement en or avait été le même. Quelques compagnies voisines, plus favorisées, tiraient jusqu’à 3 dollars ou 15 francs par mètre cube. D’autres, dont les graviers étaient trop durs et refusaient de se désagréger sous la pression hydraulique, étaient obligées de les abattre à la poudre et de les broyer sous des pilons mécaniques. Ces graviers avaient rendu jusqu’à 30 francs par tonne. Avec le travail à la poudre et le broyage, il faut naturellement que les graviers soient beaucoup plus riches, sinon les frais d’exploitation dépasseraient le rendement en or.

Il ne faudrait pas croire que tout cet or soit à l’état microscopique,