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partie du sol de la France pendant la guerre de cent ans, il est probable que ces débris remontent beaucoup plus loin, à l’époque romaine ou gauloise, et sont peut-être les traces toujours vivantes d’une méthode hydraulique rudimentaire mise en œuvre par nos premiers aïeux.

Pendant que les Californiens appliquent à leurs nouveaux placers les procédés d’attaque qui ont été décrits, ils ne restent pas inactifs sur leurs mines de quartz, et c’est ainsi qu’ils ont créé insensiblement la véritable métallurgie de l’or, qui avant eux n’existait pas. Sur ces mines sans cesse fouillées, non-seulement on extrait toujours le quartz aurifère des profondeurs du sol, mais on reprend aussi les résidus des premières exploitations, qui furent si hâtives, conduites avec de grossiers appareils, et l’on cherche à retrouver économiquement une partie de l’or qui est demeuré dans ces résidus. Pour cela, on a de plus en plus perfectionné les méthodes de broyage, de lavage et d’amalgamation. Enfin on a depuis quelques années résolument appliqué au traitement des pyrites aurifères (sulfures de fer, de plomb, de zinc, de cuivre) que l’on trouve mêlées à l’or natif et devant lesquelles le mercure reste sans effet, des méthodes chimiques, dont quelques-unes, paraît-il, ont réussi. Dans le comté de Nevada, nous avons vu à l’essai deux de ces méthodes, l’une due à un ingénieur français, professeur à l’École des mines de Paris, le regretté M. Rivot, l’autre à un Allemand, Plattner. M. Rivot croyait avoir trouvé le moyen d’extraire tout l’or contenu dans les sulfures aurifères, et le procédé qu’il employait consistait à oxyder entièrement le minerai, réduit en poudre impalpable, dans un four cylindrique tournant en tôle de fer, chauffé en dessous, une façon d’énorme rôtissoire de la forme de celles à griller le café. A l’intérieur, on admettait de l’air et de la vapeur d’eau surchauffée. Après ce grillage, on amalgamait le minerai dans des cuves à la manière ordinaire. Un jeune Parisien, que j’avais connu en France quelques années auparavant, expérimentait près de la ville de Nevada, capitale du comté, le procédé de M. Rivot. Il avait quitté, pour la rude vie des placers, les salons élégans dont naguère il faisait les délices comme musicien. La métallurgie lui fut moins souriante que la musique, et il a dû renoncer à l’application économique du procédé de l’ingénieur français. Ce procédé avait été déjà et non moins vainement essayé par d’autres de nos compatriotes sur les mines d’argent du Mexique et de l’état de Nevada. Depuis, un inventeur germano-américain, Brückner, a mis en usage un four cylindrique tournant analogue à celui de M. Rivot. Ce four fonctionne, dit-on, convenablement dans les mines du Colorado et du Nouveau-Mexique, où il a été introduit en 1871.