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(1838), à la demande de M. Salters Elliot de Savannah, la culture du sea-island, son bût était de rechercher le rayon agraire le plus apte à la propagation d’une si précieuse espèce, sans préjudice de la production du mako, la seule espèce égyptienne, et qu’il encouragea par tous les moyens. Une concession de terrain fut accordée à M. Salters Elliot, et une plantation modèle, formée sur le point le mieux approprié, reçut de nombreux élèves. Abbas et Saïd continuèrent la lettre de l’œuvre, moins l’esprit ; néanmoins le premier de ces princes s’attacha particulièrement à faire cultiver le sea-island dans les provinces de Sharkie et de Garbie. Le domaine du Ouadi, Tel-el-Kebir, Abou-Ahmed et d’autres terrains situés sur les deux rives du canal de Zagazig, entre le bourg de ce nom et l’isthme de Suez, récoltaient encore en 1866 du sea-island très peu dégénéré. Ces localités étaient situées on ne peut plus favorablement pour le succès de l’espèce américaine, cultivée au-delà de l’Atlantique, à la température près, dans des conditions physiques assez analogues. Un sol sablonneux, abrité contre les vents du sud par les dunes du désert, reposé pendant des siècles, enrichi des détritus amenés par les infiltrations de la branche tanitique, enfin soumis à la puissante influence de l’atmosphère chaude, imprégnée d’humidité alcaline que produisent les lacs Menzaleh et Belah, tout concourait pour assurer une réussite qui ne demandait qu’un peu plus d’intelligence administrative et de science économique. Le gouvernement actuel s’est excusé de ne pas avoir poursuivi les utiles tentatives de ses prédécesseurs, sous prétexte que le sea-island rend beaucoup moins que le mako, qu’il mûrit imparfaitement et qu’enfin les semences dégénèrent. Ces raisons, en apparence plausibles, sont combattues victorieusement par la pratique chez les cultivateurs intelligens.

Les semences importées provenaient des meilleures plantations de la Floride et des basses contrées (Sea-Island), dont les produits moyens sont cotés à l’heure qu’il est de 18 à 19 pence la livre, soit environ 2 francs, contre 6 ou 7 pence que valent sur le même marché de Liverpool les uplands et le mako, même classification. Dans tous les terrains propices et bien préparés, auxquels les, graines furent confiées, le rendement ne resta jamais inférieur, dans les pires conditions, à 290 rotolis nets (130 kilogrammes) par feddan[1]. Aux environs du Caire, dans plusieurs villages de la province de Sharkie, la moyenne a été, de 1856 à 1866, de 289 rotolis. A Solimanieh, où durant la même période 150 feddans furent constamment par rotation affectés à cette culture, le produit net dépassa 322 rotolis avec une irrigation laissant beaucoup à désirer,

  1. Le feddan vaut un demi-hectare.