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insensiblement vers une moyenne plus basse, et indiquant pour les cinq dernières années une diminution de 18 pour 100 dans le total des classemens élevés, répartie sur les assortimens inférieurs. Quant aux beaux types indigènes du mako, on les retrouve, partout où la culture ne laisse rien à désirer, dans les terrains de premier ordre, ce qui, sans être une preuve irréfragable de la pureté générale des graines, démontre cependant que les qualités originales et essentielles du jumel existent encore intactes à côté d’un relâchement positif, mais remédiable, dans le régime agronomique de la plante.


III

Les causes de cette décadence très réelle ne sont pas nombreuses. Il dépend plus du vice-roi que du fellah lui-même de les faire cesser ; le terrain y est pour peu de chose, l’atmosphère n’y est pour rien. L’état prend et exige trop ; le cultivateur découragé ne tient pas à améliorer, loin de là, et les produits du sol se ressentent naturellement d’un régime économique insupportable. Que le fellah soit dégrevé ou plutôt que les taxes ne pèsent pas sur lui au-delà de ses forces, et on le verra, si l’administration le guide paternellement, donner à la terre ce que le fisc exigeait injustement de lui. D’un autre côté, les frais généraux de culture se sont considérablement accrus, la vie est plus chère même pour le frugal paysan. Les effets de la dernière épizootie se font encore sentir, et les animaux propres à la manœuvre des puits à roues, s’ils sont moins rares, se paient aussi cher que leur nourriture. Voilà pour l’irrigation par les moyens primitifs, les meilleurs parce qu’ils réunissaient le bon marché à l’efficacité. Quant à l’arrosement par machines à vapeur, le plus puissant et le plus sûr sans contredit, outre que le système n’est pas à la portée de tous, le charbon, quoique moins cher au port de débarquement, coûte beaucoup par le transport, sans compter les frais de personnel et de réparations. Enfin, bien que de nouveaux canaux aient été ouverts sur des terrains jusqu’alors incultes, les anciens ne sont pas régulièrement dragués et réparés. Les propriétés du khédive et des daïras de la famille vice-royale, qui se trouvent infailliblement au premier plan sur le parcours des canaux, outre qu’elles sont servies avant le voisin, absorbent une grande portion du débit des eaux. D’ailleurs il est certain, malgré la légende biblique, que l’eau du Nil, pour produire ses meilleurs effets, doit être répandue sur les terres avant que le limon qu’elle tient en dissolution ne se soit précipité, après un long repos et surtout après avoir passé d’écluse en écluse dans plusieurs petits canaux.

Si l’on prend en considération la grande étendue de terrain cultivé en coton, et le médiocre assolement des plantations dans un