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de ses propres billets, payables en espèces et à vue jusqu’en 1848. À ce moment, l’émission des billets s’élevait à 557 millions contre seulement 76 millions d’encaisse. Plus tard, quand le gouvernement est obligé de demander à la Banque de nouvelles avances (en une seule année, elles atteignirent près de 500 millions), il décrète que les billets de la Banque auront eux-mêmes cours forcé, et en même temps il lui enjoint de retirer de la circulation les billets de l’état et de leur substituer des billets de banque. En quatre ans, l’opération est terminée ; l’émission des billets de la Banque dépasse alors 1 milliard 180 millions, l’encaisse n’est que de 220. Enfin, quand il devient urgent de ménager le crédit de ce créancier bienveillant, seule ressource dans les temps difficiles, et que la dette de l’état envers lui devient trop lourde, un dernier traité est passé (en 1863), par lequel les engagemens vis-à-vis de la Banque ne peuvent plus dépasser 200 millions. Ce chiffre est en effet resté stationnaire depuis lors. C’est par des remboursemens successifs, prélevés sur les ressources extraordinaires des emprunts, que la réduction a pu s’opérer au grand avantage de la Banque et surtout de l’état, dont la monnaie légale est encore le billet de banque.

Le privilège de la Banque expirait en 1866, il a été prorogé jusqu’en 1876 ; l’état a stipulé alors que les 200 millions restant dus à la Banque ne seraient plus passibles d’intérêt ; par contre il s’est obligé à parfaire jusqu’à 7 pour 100 le dividende des actions de la Banque, pourvu que le sacrifice ne dépassât pas 1 million de florins. Cet arrangement conclu pour dix ans arrive à son terme ; de nouvelles négociations entre la Banque et l’état deviennent urgentes : le traité de 1863, qui précédait l’établissement du dualisme, n’a jamais été ratifié par la Hongrie, et le ministre des finances autrichiennes n’a pu en conséquence présenter encore, comme il convient de le faire, un projet de loi pour le remboursement du solde dû à la Banque, qui doit avoir lieu en 1876 à l’expiration du privilège. La Hongrie prétend que la Banque ne fonctionne pas chez elle, et qu’aucun intérêt direct ne lui impose le devoir de contribuer aux charges de l’état autrichien envers la Banque de Vienne. Une transaction aura sans doute lieu au moment du renouvellement du privilège ; en tout cas, sauf la question du cours forcé, qui reste toujours à résoudre, les rapports entre l’état et la Banque se sont, comme on le voit, beaucoup améliorés.

Revenons à cette année 1867, où, après une dernière lutte et une défaite décisive, l’Autriche, rejetée dans l’abîme du déficit, dut chercher dans une nouvelle organisation intérieure et dans les satisfactions accordées au patriotisme hongrois une panacée pour ses maux et une source de prospérité intérieure.