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UNE
FILLE DE ROI D'EGYPTE

UN ROMAN ARCHEOLOGIQUE EN ALLEMAGNE.

Georg Ebers, Eine aegyptische Königjslochter, Historischer Roman, 3 vol., Stuttgart 1873.


I

Il est d’heureux pays où les savans sont poètes, où la plus haute doctrine, l’érudition la plus touffue, n’enlèvent point toute lumière et toute vie à cette fleur de l’âme qu’on nomme poésie. L’Allemagne, la patrie de l’égyptologue George Ebers, poète et romancier à ses heures, a passé pour être la terre d’élection de ces savans ; mais, s’ils se sont développés là plus qu’ailleurs, on aurait tort de les considérer comme une variété propre à l’Allemagne. Chez quelque peuple qu’il apparaisse, le savant, je ne dis pas l’érudit, est toujours un poète. Sans doute il s’est rencontré de petits esprits, de graves docteurs in utroque, pour donner le change à la foule. A croire certaines gens, l’historien accompli, le philologue émérite, le naturaliste sérieux devrait être un éditeur de textes, un exégète, un collectionneur. Il est imprudent de prendre trop tôt son vol vers les idées générales ; est-il sage de les nier parce qu’on n’a point d’ailes ?

Que toute préparation scientifique doive être longue et austère, à la bonne heure ; noter et classer les faits, dans n’importe quel ordre du savoir humain, absorbera toujours la plus grande partie de la vie d’un homme d’étude. Il faut pourtant reconnaître qu’une