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gouvernement de Washington venait à son secours. Les dernières élections ont aggravé encore cette situation. Elles ont été cette fois incontestablement favorables aux démocrates ; mais M. Kellog, qui est un homme de prévoyance, a fabriqué un comité chargé de réviser le scrutin. Le comité s’est acquitté de sa mission naturellement comme le désirait M. Kellog, il a cassé les élections d’un certain nombre de démocrates, si bien que, le jour où la législature s’est constituée, les démocrates dont l’élection avait été invalidée se sont trouvés frappés de déchéance. La majorité était dès lors changée, le tour était joué. De là des protestations indignées, des conflits à la suite desquels le général Sheridan, envoyé par le général Grant, a fini par charger une escouade de soldats d’expulser les représentans invalidés. Un officier du général Sheridan se présentait dans la salle législative, demandant au président de lui désigner les représentans déchus ou prétendus tels, pour les faire sortir. Le président refusait de désigner les députés en ajoutant qu’on ne céderait qu’à la force. La force a été employée, les soldats ont pris les législateurs au collet, et à la suite président et assemblée sont sortis. Si ce n’est pas un coup d’état, c’est bien quelque chose de semblable. Le général Grant a cru devoir couvrir de sa sanction l’acte de son délégué en Louisiane. L’intervention du général Sheridan n’a pas moins provoqué aux États-Unis une explosion générale d’indignation. Ce n’est là sans doute qu’un commencement. Des enquêtes sont ouvertes, et on peut juger de l’excitation des esprits par une dépêche alarmiste que le général Sheridan a écrite à Washington, où il représente la ville de la Nouvelle-Orléans sous les plus sombres couleurs. La population de la Nouvelle-Orléans a protesté de son côté. D’émeute, d’insurrection, il n’y en a pas ; le trouble est plus profond, il est dans les esprits, dans la société elle-même. La crise semble se raviver aux États-Unis ; elle ne peut pas être encore une fois dénouée par la force, elle ne peut être apaisée que par beaucoup d’équité, car enfin, si on a fait la guerre pour affranchir les noirs, on ne peut pas la recommencer pour arriver à l’esclavage des blancs dans quelques-uns des plus grands états de l’Union américaine.


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.
LES RÉCENTES EXPLORATIONS POLAIRES.


I. Die erste deutsche Nordpolarexpedition im Jahre 1868, par M. K. Koldewey, Gotha 1871. — II. Die zweite deutsche Nordpolarfahrt in den Jahren 1869 und 1870, publiée par le comité de Brême, Leipzig 1873. — III. Die Polarforschung der Gegenwart (Deutsche Rundschau), novembre 1874.


Les régions dites circumpolaires ont été, dans ces six ou sept dernières années, le théâtre de nombreuses explorations qui ont enrichi