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la rencontre du serpent, du scorpion et de tous les autres reptiles, mais il ne put les faire sortir. Il saisit le petit serpent qui était dans la caisse : avec un couteau, il le tua ; le serpent ressuscita ; avec un sabre, il le tua encore ; le serpent ressuscita ; il le tua une troisième fois, plaça du sable entre les deux tronçons : le serpent ne ressuscita pas. Il ouvrit la caisse de fer et trouva dedans une caisse d’airain, puis une caisse de bronze, d’ivoire et d’ébène, d’argent et enfin d’or : le livre y était. Ptahneferka récita une page de l’écrit : il charma le ciel, la terre, l’abîme, les montagnes, les mers ; il connut ce qui se rapportait aux oiseaux du ciel et aux poissons de l’eau et aux quadrupèdes de la montagne. Il récita une autre page de l’écrit : il vit le soleil se levant au ciel et le cycle de ses neufs dieux, et la lune qui se levait et les étoiles dans leurs formes. La force divine fit monter les poissons au-dessus de l’eau. Je dis à Ptahneferka : « Il faut absolument que je voie ce livre. » Il mit le livre dans ma main ; j’en récitai une page, je charmai à mon tour. Ptahneferka, mon frère aîné, était un bon écrivain et un homme très savant : il apporta un morceau de papyrus neuf ; il copia chaque mot qui se trouvait sur le rouleau devant lui ; il le fit ensuite dissoudre dans de l’eau ; quand il le vit dissous, il le but. Il sut tout ce qu’il renfermait.

Nous montâmes ensuite au port, nous naviguâmes, nous arrivâmes au nord de Coptos, à la rencontre subite du dieu Thoth, qui sut tout ce qui s’était passé quant à Ptahneferka au sujet du livre. Thoth ne tarda pas, il en fit communication à Râ, disant : « Sache que ma loi et ma science sont avec Ptahneferka, fils du roi Mernebptah. Il est allé dans ma grande demeure ; il les a volés ; il a pris ma caisse ; il a pris ma garde, qui la surveillait. » Râ lui dit : « Il est abandonné à toi avec tous les siens. » Une heure passa. Merhu, le jeune enfant, sortit de dessous l’ombre de la barque royale ; il tomba dans l’eau, invoquant Râ, appelant tout le monde resté sur le port. Ptahneferka lui récita l’écrit : la force divine le poussa vers la surface de l’eau. Il le fit parler devant lui de tout ce qui lui était arrivé, et aussi de ce que Thoth avait dit à Râ. Nous retournâmes à Coptos avec lui, nous le conduisîmes à la bonne demeure[1] et nous fîmes des rites pour lui ; nous l’embaumâmes comme il convenait à la grandeur d’un haut personnage, nous l’enterrâmes dans une caisse en la nécropole de Coptos. Ptahneferka, mon frère, dit : « Embarquons-nous et ne tardons, de peur que le roi n’apprenne tout ce qui s’est passé, et que son cœur ne devienne triste à cause de cela ; » Nous montâmes au port, nous nous embarquâmes :

  1. Au tombeau.