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de septembre 1874, des essaims de petits émigrans qui demandaient à partir pour l’ouest.

La Société protectrice, pendant l’année 1873, a reçu dans ses logis 12,000 enfans et 9,000 dans les écoles industrielles : c’est en tout 21,000 garçons ou filles arrachés à la vie du ruisseau. comme le nombre de ces vagabonds est estimé aujourd’hui à 30,000, on peut dire qu’il en reste un bien petit nombre qui échappent aux mains vigilantes qui cherchent de toutes parts à les atteindre, car, si l’exemple de la Société protectrice a suscité des jaloux, il a suscité aussi des émules. Ainsi un prêtre catholique, soutenu par la congrégation de Saint-Vincent-de-Paul, non moins puissante aux États-Unis qu’en France et plus libre, a établi dans le 3e ward un logis et une école de nuit pour les garçons. Cette maison peut en recevoir jusqu’à 200, et beaucoup de petits Italiens et d’Irlandais catholiques la fréquentent naturellement. Il existe d’autres établissemens dissidents du même genre. Il faut tenir compte aussi de ceux des enfans que la police ramasse tous les jours et qu’on envoie à l’école industrielle de l’île de Hart, située à 16 milles de New-York, sur le bras de mer qu’on nomme le Sound, entre l’Ile-Longue et la terre ferme. Le nombre de ces enfans insubordonnés et vicieux a été en 1871 de 818[1]. Il y a enfin l’asile pour les orphelins de couleur, auxquels la Société de secours, à cause de certains préjugés encore si tenaces aux États-Unis, ne peut pas donner une protection aussi large, aussi efficace qu’elle voudrait, mais auxquels le département de charité et de correction de la municipalité de New-York a forcément songé. Le nombre de ces enfans admis dans l’asile créé officiellement pour eux était en 1871 de 329. On le voit, une bien petite fraction du chiffre écrasant des vagabonds que nous avons recensés échappe maintenant à une aide quelconque, reste dans le cas de devenir pire et de faire courir à la cité les mêmes dangers qu’auparavant. Il est permis de dire dès à présent que le mal est atteint, coupé même dans sa racine, et cela grâce surtout à la virile et patiente initiative de quelques généreux citoyens.

A la fin de l’année 1873, la Société protectrice avait dépensé depuis son origine plus de 7 millions de francs, ou environ 350,000 fr. par an en moyenne, pour mener à bien l’œuvre à la fois délicate et difficile qu’elle poursuivait si dignement. Le seul logis des News-boys avait donné asile, pendant ce même espace de temps, à près de 108,000 enfans. Aujourd’hui les ressources de la société sont plus que doublées, car elle est en mesure de dépenser annuellement plus de 850,000 francs : c’est la somme portée au crédit de son dernier

  1. Twelfth annual report of the commissioners of public charities and correction, New-York 1872.