Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un sénat, tous les deux électifs, mais suivant des modes différens. Le prince a d’ailleurs toutes les prérogatives d’un souverain constitutionnel. La liste civile a été fixée à 100,000 ducats (près de 1,200,000 francs) par an.

L’institution du jury, qui a produit de singuliers verdicts en plusieurs circonstances, peut sembler un peu risquée dans un pays dont l’éducation politique était encore loin d’être faite, et la liberté illimitée de la presse avait conduit à une licence effrénée contre laquelle le gouvernement dut s’armer de lois pénales plus sévères. Cependant, même en ne pensant pas que tout y soit parfait, nous aurions mauvaise grâce de critiquer une constitution qui fonctionne aujourd’hui sans encombre. Une lacune qui toutefois peut frapper dans l’organisation d’un pays aussi neuf et par cela même encore peu riche en capacités spéciales, c’est l’absence d’un conseil d’état pour l’étude et l’élaboration des lois et règlemens projetés, ainsi que pour la formation de bons administrateurs. Si la Roumanie possède un appareil de gouvernement central aussi complet que celui de tout autre état, l’administration proprement dite n’y est encore qu’ébauchée dans plusieurs de ses branches, et laisse beaucoup à désirer dans plus d’un service. Ce n’est pas l’ambition, la brigue des honneurs, des fonctions publiques et des places, qui manque à aucun degré : il n’y avait pas eu moins de huit changemens de ministère complets dans les cinq premières années du règne actuel ; mais depuis 1871 le chef et président du cabinet en fonction, M. Lascar Catargi, a su rallier autour de lui un fort et nombreux parti conservateur, et compris la nécessité de donner plus de stabilité au pouvoir. Dans les candidatures qui s’offrent au choix pour la composition du personnel administratif et judiciaire, ce n’est pas non plus le nombre, mais c’est la qualité qui fait souvent défaut. Ainsi, bien que l’on ne compte en Roumanie pas moins de 23,000 fonctionnaires et employés de l’état, rien ne surprend l’étranger à Bucharest comme de voir revêtus de hautes fonctions et magistratures, auxquelles on n’arrive ailleurs qu’avec le titre de longs ou très éminens services, nombre de jeunes gens à peine revenus de l’étranger avec un diplôme universitaire.

Le ministère comprend en Roumanie sept départemens distincts, ayant exactement les mêmes attributions qu’en France. C’est le ministre de l’intérieur qui préside aujourd’hui le conseil. Il y a de même à Bucharest une cour des comptes et une cour de justice suprême ou de cassation, sous la haute surveillance de laquelle fonctionnent en appel 4 cours et en première instance 48 tribunaux de district et de commerce. Tout le pays est partagé en 33 districts, subdivisés en 164 arrondissemens. En moyenne, le district revient ainsi, pour l’étendue, aux trois cinquièmes environ, mais pour la