Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au sort ; ils sont alors incorporés soit à l’armée permanente, soit à l’armée territoriale, ou réservés pour la milice. La première comprend 8 régimens d’infanterie de ligne, 4 bataillons de chasseurs à pied de nouvelle formation, 2 régimens de cavalerie (roschiores) de 4 escadrons chacun, et 2 d’artillerie, soit 12 batteries, 1 compagnie de pontonniers, 1 bataillon du génie, 1 de pompiers, la gendarmerie à pied et à cheval, etc., en totalité environ 20,000 hommes et 3,500 chevaux pour le service actif. Il faut ajouter à cet effectif environ 43,000 hommes et 11,000 chevaux pour l’armée territoriale, dont l’organisation primitive remonte au XVe siècle. Ce sont des troupes localisées comprenant 32,000 fantassins dits dorobanzes, en 8 régimens, soit 45 bataillons, et 11,000 cavaliers (calaraches), aussi en 8 régimens, soit 33 escadrons, plus une batterie d’artillerie sédentaire par district.

Le temps de service dans l’armée territoriale, comme dans l’armée permanente, est de huit ans, dont quatre en service actif pour les fantassins et cinq pour les cavaliers, le surplus dans la réserve. Les hommes de la première, partagés en quatre sections qui se relèvent à tour de rôle, ne servent en temps ordinaire, avec jouissance de leur solde, que pendant une semaine sur quatre. Les dorobanzes font le service de douane et de vigilance à la frontière, où on les appelle granitchéri, du mot allemand graenzer, et ils marchent au son de la cornemuse, comme les montagnards écossais, ainsi que le service de garde, d’escorte et de gendarmerie à l’intérieur. Ils y sont aidés par les calaraches, les cosaques de la Roumanie, montés sur les petits chevaux du pays, qu’ils sont tenus de se procurer à leurs fiais. Les hommes qui ont échappé à la conscription, ou sont libérés du service, forment les trois bans de la milice, que l’on exerce régulièrement, et qui peuvent être aussi mis en réquisition jusqu’à une limite d’âge de trente-huit ans.

L’armement de l’armée active a été renouvelé en entier pour les fusils et le matériel d’artillerie conformément aux meilleurs modèles. Les règlemens sont empruntés en partie à la France et à la Belgique, en partie à la Prusse. L’uniforme de l’infanterie est gris, la couleur qui brave le mieux la poussière et la boue, ces deux grands ennemis du soldat en marche dans ces contrées, ainsi que les Russes l’ont maintes fois, dans leur dernière campagne encore, éprouvé. Les troupes sont depuis quelques années concentrées en automne, sous le commandement du prince, pour de grandes manœuvres, auxquelles ont assisté dernièrement des officiers délégués par les grandes puissances militaires et tous les états voisins. De plus la Roumanie entretient, sur le Danube et dans ses ports, une flottille de trois petits vapeurs et six chaloupes canonnières avec 400 hommes d’équipage. Le budget annuel du département de