trouvé plusieurs fois, dans la substance des truffes d’été, de petites truffes dépassant à peine la grosseur d’un grain de millet ; mais, en supposant le fait exact et la vraie nature de ces corpuscules (Vittadini les appelle germina) bien constatée, on ne saurait y voir la preuve que la truffe se reproduit ainsi viviparement, par une sorte de gemmation intérieure qui en ferait assimiler les spores aux bulbilles ou bourgeons mobiles d’un très grand nombre de plantes. Rien n’empêche que dans le sein même de la truffe-mère certaines spores n’aient parcouru les phases d’évolution qui, chez les champignons en général, interposent entre la spore initiale et l’être adulte une formation intermédiaire appelée mycélium : seulement la chose est très improbable, et le fait lui-même rapporté par Vittadini l’est dans des termes trop vagues pour qu’il ne soit pas d’abord nécessaire de l’étudier en détail avant d’en tirer des conclusions. A plus forte raison doit-on tenir pour suspect ce que Geoffroy, de Borch et Gouan ont affirmé quant à la reproduction des truffes. Le premier prend évidemment les truffes blanches d’été (reconnues depuis comme espèces particulières) pour les filles des truffes noires d’hiver ; le second est un amateur dont les prétendues observations trahissent l’incompétence scientifique ; enfin, en disant qu’une truffe noire, enterrée dans du terreau de saule, lui donna comme résidu de sa pourriture « une quantité prodigieuse de petits grains, » Gouan assimile de confiance les grains en question aux spores des truffes, mais il ne donne pas la moindre raison de cette détermination arbitraire, fondée sur de pures apparences extérieures et non sur l’inspection microscopique.
Si les spores des truffes, les prétendues truflinelles, ne sont pas de simples réductions de la plante-mère, a-t-on pu du moins les voir germer et se faire une idée nette de leur développement en plante parfaite ? C’est sur ce point que la science doit avouer une importante lacune. Faute sans doute de connaître les conditions particulières de cette germination, on n’a pu la constater chez les nombreuses espèces du genre tuber. C’est seulement chez une fausse truffe, le balsamia vulgaris, que les recherches patientes de M. Tulasne en ont dévoilé les premières phases, savoir la formation d’un mycélium filamenteux dont on n’a pu suivre l’évolution ultérieure, mais sur lequel, on peut le présumer, devra naître et grossir la masse charnue ou réceptacle fructifié, constituant en apparence toute la plante. Circonstance assez-piquante, si l’on n’a pu suivre au-delà de son début la germination du balsamia, c’est au contraire dans sa phase moyenne seulement qu’on a pu saisir le développement de la truffe noire : encore les faits les plus curieux de cette phase évolutive sont-ils demeurés dans l’ombre ; mais ce