élucider la loi de la décroissance de la température avec la hauteur. Le refroidissement des couches aériennes est d’abord assez rapide, puis de plus en plus lent à mesure que l’air devient plus rare ; en moyenne, on perd 5 degrés lorsqu’on monte d’un millier de mètres. C’est le 5 septembre 1862 qu’eut lieu la mémorable ascension où MM. Glaisher et Coxwell dépassèrent l’altitude de 9,000 mètres. À un certain moment, après avoir constaté que le baromètre marquait 10 pouces et qu’il descendait rapidement, M. Glaisher se sentit paralysé, aveuglé, incapable de proférer un mot ; puis il perdit connaissance complètement, et il resta dans cet état pendant sept minutes. Il fut réveillé par son compagnon, qui lui criait de reprendre ses observations. M. Coxwell avait été obligé de sortir de la nacelle et de grimper dans le cercle pour dégager la corde de la soupape, qui s’était entortillée par suite du mouvement de rotation du ballon ; saisi par le froid, il avait perdu l’usage de ses mains, et avait dû se laisser glisser sur ses coudes pour revenir dans la nacelle, où M. Glaisher était étendu sur le dos. L’insensibilité le gagnait lui-même ; il prit alors la corde entre ses dents, et, par une violente secousse, parvint à ouvrir la soupape ; le ballon s’arrêta, puis descendit. M. Glaisher pense que la hauteur atteinte dans cette ascension est de 11,000 mètres. Entre les deux observations du baromètre qu’il a faites à environ 8,900 mètres, avant et après sa défaillance, il s’est écoulé 13 minutes ; au moment de la première, on montait avec une vitesse de 300 mètres ; au moment de la seconde, la descente s’opérait avec une vitesse double. À l’aide de ces données, M. Glaisher trouve que le ballon a dû s’élever encore pendant 8 ou 9 minutes, et parcourir un chemin vertical de 2,050 mètres, qui, ajouté à la hauteur déjà atteinte, donne un total de plus de 11,000 mètres ; mais il est clair que la vitesse ascensionnelle a dû se ralentir progressivement, et dès lors le chemin parcouru pendant les 13 minutes n’aurait été que la moitié du nombre trouvé par M. Glaisher ; il est probable qu’il n’a point dépassé 10,000 mètres.
La Société française de navigation aérienne avait depuis longtemps résolu d’entreprendre à son tour des ascensions à grande hauteur. Le 22 mars 1874, MM. Crocé-Spinelli et Sivel, à bord de l’Étoile-Polaire, s’élevèrent à 7,300 mètres. Ils avaient emporté un ballonnet plein d’oxygène, préparé par M. Paul Bert, le savant professeur de physiologie de la faculté des sciences de Paris. Quand M. Crocé-Spinelli ne respirait plus d’oxygène, il était obligé de s’asseoir sur un sac de lest et de rester immobile dans cette position. Pendant l’inhalation du gaz, il se sentait renaître, et après une dizaine d’aspirations il pouvait se lever, causer et reprendre ses observations. Grâce à leur provision d’oxygène, les deux aéronautes revinrent sans accident de leur excursion dans les régions supérieures de l’atmosphère. Ni l’un ni l’autre n’avait éprouvé d’hémorrhagie, bien que la face fût devenue très rouge et les lèvres