cantonaux formaient la base du système ; ils avaient au-dessous d’eux des comités locaux, et au-dessus, à leur sommet, un comité supérieur chargé de donner l’impulsion en même temps que de fournir des ressources à toutes les œuvres de bienfaisance publique. Ce projet, comme on le voit, n’était qu’un grand cadre d’organisation, mais c’était un cadre qui pouvait donner une force singulière à l’œuvre d’assistance que l’on méditait. La commission voulut faire davantage, et embrassant du même coup toutes les réformes sociales alors agitées à la tribune et dans la presse, le droit au travail, le crédit aux classes laborieuses, les caisses d’épargne, elle échoua complètement, entraînant tout ou à peu près dans son naufrage. La loi du 7 août 1851 sur les hospices et celle du 22 janvier 1851 sur l’assistance judiciaire furent les deux seules épaves qu’on en put sauver.
Sous le second empire, le législateur n’eut pas à s’occuper de ces questions, au moins d’ensemble et comme système général d’assistance. Aucune proposition de ce genre ne fut présentée par le gouvernementaux assemblées d’alors, qui n’avaient pas, comme on sait, l’initiative des lois. Toutefois il est juste de reconnaître que l’administration fit de louables efforts pour améliorer certains services de bienfaisance, et notamment le service si important de la médecine des pauvres. Sous l’action puissante des préfets, l’assistance médicale dans les campagnes prit un développement marqué ; malheureusement la plupart de ces créations, reposant sur une base fragile, n’eurent qu’une existence éphémère. Lorsque l’empire s’écroula, le mouvement était arrêté et commençait même à décroître.
La guerre à jamais douloureuse de 1870 développa l’indigence dans des proportions inconnues depuis longtemps. Il fallut faire face à tous les maux à la fois, aux dépenses de guerre, aux charges de l’invasion, au soulagement des misères qu’une année de sécheresse et un terrible chômage faisaient naître de tous côtés. Dans les villes, on avait su improviser avec courage et générosité des ressources immédiates ; mais dans les campagnes le défaut d’organisation de l’assistance avait laissé sans secours un grand nombre d’infortunes. Ceux qui ont vécu aux champs durant cette année 1870-1871, si difficile à oublier, se rappelleront toujours le nombre des mendians qui longtemps encore après la guerre couvraient les chemins et venaient assaillir les maires de village. La misère était criante ; les mains se tendaient de tous côtés. On comprend que des âmes généreuses aient été émues de tant d’infortunes, et qu’au sein de l’assemblée nationale d’honorables députés aient cru le moment venu de doter enfin le pays de larges institutions d’assistance