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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 9.djvu/688

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LA
NATURALISATION DES ETRANGERS
EN ALGERIE

L’unité est, autant que le chiffre et les qualités de la population, une condition de la force des états ; ceux qui n’en jouissent pas y aspirent également pour la paix intérieure et en vue de la défense ou de la conquête ; nous avons trop profité en Afrique des rivalités indigènes pour ne pas nous être de bonne heure aperçus qu’il fallait la réaliser entre la France et l’Algérie sous peine de n’attacher à nos flancs qu’une sorte de Pologne africaine avec ses insurrections périodiques qu’on n’étouffe que dans des flots de sang et sous les ruines. Un vainqueur moins scrupuleux eût peut-être tenté au fur et à mesure de la conquête d’imposer son organisation à l’Algérie ; nous avons préféré prendre le conseil du temps et ne donner la sanction légale qu’à ce qui était déjà passé dans les idées ou dans les mœurs. C’est ainsi qu’il nous a été possible, facile même, d’apporter au statut de l’indigénat des modifications successives et considérables, portant sur la propriété, la justice, l’administration locale, etc.

Excellente pour les masses, cette méthode ne pouvait cependant convenir qu’à elles ; il fallait faire parallèlement sa part à l’initiative spontanée des personnes. Les sociétés même les plus rebelles aux innovations comptent toujours quelques individualités dont les idées devancent celles de leur entourage ; dans tout pays conquis, il se rencontre aussi des citoyens qui ont associé leurs intérêts à la fortune du vainqueur et n’espèrent de sécurité que sous sa loi ; enfin une nationalité s’enrichit quelquefois de sédimens étrangers. La naturalisation était l’unique moyen d’assimilation à l’usage des particuliers ; mais les règles du droit commun métropolitain qui la régissaient, déjà critiquées pour la France, appelaient à plus forte