En inaugurant la longue et charmante série de ses Parallèles par le double récit de la vie de Thésée et de Romulus, le bon vieux Plutarque éprouve quelque embarras à justifier une pareille association de deux héros : il ne sait leur découvrir que des traits de ressemblance bien vagues en somme et peu concluans. « A la force ils ont joint l’intelligence ; tous deux ils ont enlevé des femmes, et pas plus l’un que l’autre ils n’ont été exempts de chagrins domestiques ; même ils ont fini l’un comme l’autre par s’attirer la haine de leurs contemporains[1]. » Ce n’est pas certes à des traits semblables, — qui d’ailleurs dans l’espèce porteraient presque tous à faux, — qu’en serait réduit l’écrivain de nos jours qui voudrait réunir dans une étude d’ensemble les deux figures les plus saillantes de la politique contemporaine : les deux chanceliers actuels de l’empire russe et de l’empire d’Allemagne. L’association, ici, se justifierait d’elle-même, car elle s’impose à tout esprit réfléchi, à quiconque a médité les événemens des quinze ou vingt dernières années. Le Plutarque moderne qui entreprendrait d’écrire la vie de ces deux hommes illustres résisterait facilement, il nous semble, à la tentation de trop rechercher ou de forcer les analogies dans un sujet où les rapprochemens abondent si naturellement et sans la moindre pression ; peut-être aurait-il plutôt à se mettre en garde contre des répétitions obligées et des redites fastidieuses en présence d’une
- ↑ Plutarque, Thésée, initio.