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circuits compliqués de manière à tripler et à quadrupler son étendue. Cette substance grise est naturellement constituée par des cellules nerveuses, et c’est dans ces cellules que paraît siéger le principe excitateur volontaire. — C’est là aussi que semble résider l’intelligence et l’idéation. Le problème est de savoir si les différentes facultés ont un siège déterminé dans telle ou telle circonvolution de l’encéphale ou si elles se trouvent disséminées dans la totalité de la substance grise périphérique. C’est ce problème qui partage aujourd’hui les physiologistes et les médecins. Il y a deux manières de le résoudre : la méthode physiologique, qui est l’expérimentation, — la méthode pathologique, qui est l’observation. Rien ne serait plus fastidieux que d’établir un parallèle entre ces deux méthodes : elles sont également bonnes, et se contrôlent l’une par l’autre.

Pour tout ce qui touche à l’étude de l’encéphale, l’expérimentation est d’une extrême difficulté. Il s’agit en effet de scier le crâne, d’enlever les méninges, et de mettre à nu la pulpe cérébrale sur une étendue suffisante ; mais cette opération préliminaire fait perdre beaucoup de sang et épuise l’animal, en sorte que souvent il est mort avant qu’on n’ait commencé l’expérience. MM. Hitzig et Ferrier ont pu néanmoins, à force de précautions et de patience, expérimenter avec succès sur des chiens et même une fois sur un singe. Ils ont fait passer des courans électriques à travers les circonvolutions ; en opérant ainsi, ils ont constaté que l’excitation de certaines régions périphériques produisait constamment le même effet : tantôt la contraction des muscles extenseurs, tantôt celle des muscles de la face, tantôt celle de la pupille, en sorte que pour eux chaque circonvolution est un centre distinct et séparé : le cervelet, dont les fonctions étaient jusqu’ici absolument ignorées, serait un centre coordinateur pour les muscles moteurs du globe de l’œil. De l’intégrité de tous ces centres dépendrait le maintien de l’équilibre du corps. Enfin ils ont vérifié une fois de plus ce fait déjà bien connu, que le cerveau gauche préside aux mouvemens du côté droit, et réciproquement.

Malheureusement d’autres savans sont venus, MM. Dupuy, Carville, Duret, Brown-Séquard, qui ont contesté non pas l’expérience elle-même, mais l’interprétation qu’en ont donnée MM. Hitzig et Ferrier. Sans doute l’électrisation de la surface cérébrale produit des contractions musculaires, mais c’est que le courant électrique porte son action bien au-delà des parties qu’on électrise. On croit n’exciter que la périphérie, tandis qu’en réalité on excite les noyaux sous-jacens, c’est-à-dire les couches optiques et les corps striés, et ils ont démontré qu’il en était ainsi en enlevant les circonvolutions et en électrisant directement la substance blanche qui les séparait des corps striés. Dans ces conditions, rien n’était changé, et, comme précédemment, on