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la viande, du gibier, un légume, et boire de la bière ou du vin de France, si le thé ou le café, qui sont aux repas les boissons nationales, ne vous satisfont point. Ce restaurant roulant suit maintenant le train qui va de New-York à San-Francisco, de sorte que le voyageur, si tel est son agrément, peut faire tout ce trajet d’une semaine sans même descendre de voiture.

Les cars à marchandises sont de diverses formes, mais presque tous à caisse allongée. Il y a les wagons fermés, box-cars, s’ouvrant sur le côté, par une porte à glissière, et où l’on transporte surtout les grains, les farines, les produits agricoles, les colis plus ou moins délicats. Il y a encore les wagons à claires-voies latérales pour le bétail vivant, les cattle-cars. Les précautions les plus minutieuses sont prises pour diminuer autant que possible la fatigue des animaux, les arrêter, les abreuver et les nourrir convenablement en route, et cela non pas précisément en vertu de la protection que l’homme doit aux bêtes, mais parce que ces animaux servent à la nourriture, et que le voyage ainsi fait rend la chair du bétail meilleure et plus savoureuse. Ce n’est pas du reste une petite affaire que ce voyage du bétail, car celui-ci arrive souvent du fond même du Texas, de l’Arkansas, du Colorado. Les moutons, les porcs, entassés dans les cars, sont distribués sur deux rangs étages, et les porcs, qui n’aiment guère à se déplacer de la sorte, font volontiers une musique qui s’entend d’une lieue à la ronde. Les conducteurs de bestiaux, bouviers, porchers, bergers, accompagnent souvent leurs bêtes, et les compagnies se sont évertuées à l’envi à ménager aussi tout le confort possible à ces rudes campagnards de l’extrême ouest, dont quelques-uns ont des mines et des allures qui rappellent celles des gauchos sauvages de la Plata, espèces de centaures qui gardent leurs bêtes toujours à cheval. C’est surtout vers Chicago, Saint-Louis, Cincinnati, que se dirigent ces trains de bestiaux particuliers aux railways de l’ouest.

Les wagons ou réservoirs à pétrole, oil tank-cars, que ton rencontre principalement sur les lignes de la Pensylvanie, de l’Ohio, de l’état de New-York, ont une forme spéciale : c’est celle d’une chaudière horizontale en tôle de fer, cylindrique, à calottes hémisphériques ou lenticulaires, couchée sur un châssis à roues. La capacité de ces réservoirs est de quatre-vingt-cinq barils de pétrole, et avec eux toute chance d’incendie est presque annihilée, en même temps que le remplissage et la vidange sont rendus très aisés. Les wagons à charbon, coal-cars, sont des plates-formes avec ou sans rebords, sur lesquelles on empile le combustible en gros morceaux, ou des wagons à l’anglaise, comme ceux qui servent en Europe aux terrassemens, et dont la forme est restée sur la plupart de nos chemins de fer comme le type spécial des wagons à marchandises.