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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 13.djvu/443

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catholiques, et la lutte que vient d’engager M. de Bismarck contre la curie romaine n’est que la conséquence logique de ce grand fait d’histoire ; or, sans même partager certaines idées bien répandues pourtant sur une fusion possible un jour des croyances protestante et orthodoxe, ce n’est pas à l’église de Photius en tout cas de prendre ombrage du coup mortel porté au Vatican.

A de semblables apologies, auxquelles ne manquaient ni les argumens captieux ni les traits acérés, les dissidens opposaient des objections inspirées par un patriotisme également sincère, mais beaucoup moins optimiste. D’accord pour admirer la facilité et la promptitude avec laquelle la Russie a su se relever de son désastre de Crimée, ils prétendaient seulement que ce grand résultat avait été obtenu bien avant l’avènement de M. de Bismarck, bien avant toute association avec lui, et que dès l’année 1860 l’empire de Rourik avait repris la grande position qui lui est due en Europe, alors que les souverains d’Autriche, de Prusse et tant de princes d’Allemagne étaient venus saluer le tsar à Varsovie, reconnaître sa suprématie morale, et que Napoléon III de son côté recherchait son amitié et acceptait son arbitrage. L’habileté extrême avec laquelle le prince Gortchakof a su user de la « cordialité française » pour le bien de la Russie sans livrer aucun des intérêts essentiels et sans rien compromettre des principes conservateurs et traditionnels de son gouvernement demeurera toujours un de ses plus beaux titres à la reconnaissance de sa patrie, et il eût été à désirer qu’il eût gardé la même mesure, la même réserve plus tard dans cette intimité avec la Prusse qui, à l’occasion de l’insurrection polonaise, était venue remplacer l’ancienne entente avec les Tuileries. Le successeur de Nesselrode s’est exagéré sans contredit la portée et le danger des fameuses remontrances au sujet de la Pologne, ainsi que la nature des services, bien intéressés en somme, que lui rendit alors l’ami de Berlin ; ce n’était pas là une raison dans tous les cas de bouder l’Europe après que l’incident fut vidé à l’avantage éclatant du gouvernement russe, de la bouder pendant de longues années, de ne plus vouloir d’autre alliée que la Prusse, et de s’en tenir à l’égard de cette dernière puissance au système constant de laisser-aller, de laisser-faire et de se laisser-prendre.

Ç’a été en général le profond malheur des quinze ou vingt dernières années, — pensaient ces patriotes éclairés, — que la rancune, la mauvaise humeur, aient joué un si grand rôle dans les graves affaires du monde : tristes sentimens à coup sûr, et dont le chancelier actuel d’Allemagne a seul su se préserver ! C’est par rancune de la conduite du cabinet de Saint-Pétersbourg dans la question italienne que l’Autriche avait pris sous sa protection les insurgés de