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12 mars fera place à un ministère homogène, où il sera permis de causer politique. Cet inévitable changement n’a rien qui puisse effrayer les esprits ; s’ils avaient des inquiétudes, la loyauté et la sagesse du président de la république suffiraient à les dissiper. Il n’y a pas eu en France beaucoup de gouvernemens plus forts ni plus respectés que celui de M. le maréchal de Mac-Mahon. Tous les partis ou presque tous s’entendent pour le mettre hors de cause et hors d’atteinte dans leurs discussions. Il ne tient qu’à lui de maintenir intacte son autorité en assurant leur libre jeu aux institutions parlementaires. Rien n’est plus compromettant que la politique de coterie. M. le maréchal se gardera de lier son sort à celui d’une coterie, ou de lui servir d’écran, ou d’épouser ses haines et ses préventions ; il n’aura de parti-pris dangereux ni contre certaines choses, ni contre certains noms, ni contre certains hommes. Dans les temps les plus prospères de l’empire, le roi Léopold disait : « L’empereur Napoléon III est si fort qu’il durera toujours, s’il ne fait rien. » Personne ne s’aviserait de demander à M. le maréchal de Mac-Mahon de ne rien faire ; mais le point capital pour un président de république comme pour un roi constitutionnel, c’est de ne pas faire de fautes, et surtout d’éviter soigneusement toutes les imprudences qui amoindrissent une situation.


G. Valbert.