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nouveaux que les découvertes de la science et les progrès de la mécanique apportent chaque jour dans la fabrication, un bel avenir lui est réservé.

Quelles sont donc les industries qui offrent certaines garanties de réussite ? En première ligne, il faut placer la métallurgie. Les mines de fer et de cuivre de Saint-George-des-Hurtières, qui ont été exploitées depuis les temps les plus reculés, donnent des produits abondans et avantageux, puisque le rendement du minerai est de 40 à 45 pour 100. Les filons qui la composent ont une puissance moyenne de 4 ou 5 mètres sur une profondeur de 450 mètres et une largeur de 150 mètres, c’est-à-dire que ce seul gîte est assez riche pour alimenter plusieurs hauts-fourneaux pendant plus d’un siècle. Outre ces mines, il existe un grand nombre de filons de fer spathique à Bonneval, Orelle, Saint-Alban-des-Hurtières, Montgilbert et Montendry en Maurienne, Arvillard en Savoie propre et Bonvillard en Tarentaise, qui pourraient fournir une consommation, pour ainsi dire, inépuisable à l’industrie la plus active. Les mines de cuivre, de plomb, de manganèse, se trouvent répandues un peu partout ; malheureusement les plus importantes, comme les mines de galène argentifère de Mâcot et de Pesey, ont été abandonnées depuis quelques années, et il serait à souhaiter que toutes fussent entre les mains d’une puissante compagnie qui par une exploitation intelligente, en remplaçant les procédés primitifs et coûteux d’extraction par des moyens mécaniques partout où il est possible de le faire, saurait leur donner leur véritable valeur. Dans les richesses minéralogiques de la Savoie qui peuvent être d’un grand secours pour l’industrie de ce département, il ne faut pas oublier les nombreuses carrières de marbres variés, d’ardoises, et d’un gypse particulier, l’alabastrite, ainsi que les gisemens considérables, de calcaire asphaltique, d’anthracite, de lignite et de tourbe, dont l’exploitation est appelée à s’étendre de plus en plus. On en aura une idée quand on saura que le bassin anthraciteux qui traverse la Savoie, présente une longueur de 80 kilomètres sur une largeur de 15, et que la hauteur des couches superposées varie entre 1,000 et 2,000 mètres. Ce bassin est l’un des plus riches de la France, et peut fournir une quantité considérable de combustible pour le chauffage économique de nombreuses usines.

Après la métallurgie, l’industrie de la soie est celle dont on peut attendre le plus grand développement, si on en juge par l’importance toujours croissante qu’elle a prise. Le climat tempéré de la Savoie est éminemment propre à la culture du mûrier, qui réussit dans la plupart des vallées, et depuis longtemps les diverses manipulations de la soie y ont été pratiquées avec succès. La vente des cocons aux fabricans de Lyon procure plus de 500,000 francs par an à la population des campagnes, et il y aurait un grand avantage à établir des filatures, comme on l’a fait à Chambéry, près des lieux mêmes de production pour favoriser l’élevage des vers à soie. La fabrication des tissus de laine et de