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embryonnaire. Un grand fait fondamental nous frappe d’abord, c’est que tout être organisé, végétal ou animal, procède d’une cellule. La loi est sans exception depuis les algues élémentaires qui ont apparu en premier lieu dans les anciennes mers géologiques jusqu’à l’homme, le dernier venu sur le globe terrestre ; mais dès que l’évolution individuelle commence, des différences se manifestent. Chez les végétaux inférieurs dits inembryonnés, la cellule séparée de sa mère donne directement naissance à l’être nouveau. Chez les végétaux supérieurs, un embryon, une plante en miniature apparaît déjà dans la graine : elle est munie de feuilles primordiales transitoires appelées cotylédons, toujours différentes de celles que la plante portera plus tard. Dans les monocotylédones, qui succèdent hiérarchiquement et géologiquement aux inembryonnés, il n’y a qu’un cotylédon ; dans les végétaux supérieurs, appelés dicotylédonés, il y en a deux, toujours opposés et toujours simples. Ainsi c’est dans l’embryon que nous trouvons le seul trait commun à chacun des trois grands embranchemens du règne végétal. Si nous considérons maintenant les subdivisions de ces embranchemens, c’est-à-dire les familles naturelles, nous trouvons avec Jussieu que les caractères tirés de l’embryon et de ses enveloppes, c’est-à-dire de la graine, sont encore ceux qui s’appliquent le plus généralement à toutes les plantes d’une même famille. Dans les unes, l’embryon constitue à lui seul toute la graine comme dans les renonculacées et les crucifères ; dans les autres, il est accompagné d’un corps de nature variable appelé albumen ou endosperme. Sa nature fournit également des caractères distinctifs qu’on chercherait vainement dans les fleurs, les fruits ou les feuilles. Farineux dans les graminées, l’albumen est huileux dans les euphorbiacées, corné dans les rubiacées, etc. En un mot, les caractères tirés de l’embryon et de la graine sont en général les seuls qui soient communs à tous les végétaux composant les divisions et les subdivisions du règne végétal. Les plantes ayant toutes une origine commune, on conçoit qu’il en soit ainsi. Leur analogie est encore évidente dans la graine et pendant la germination ; plus tard les différences se manifestent : elles sont dues aux déviations spécifiques résultant du développement ultérieur diversement modifié par les influences variées auxquelles le végétal est soumis.

C’est également dans l’embryologie seulement qu’on a pu trouver en zoologie les caractères généraux qui s’appliquent à tous les animaux d’une même classe. Les petits de tous les mammifères viennent au monde vivans et nus ; la mère les nourrit de son lait. Ceux des oiseaux, des reptiles et des poissons sont renfermés dans un œuf entouré d’une coquille et contenant la substance nutritive de l’embryon dont le développement a lieu pendant l’incubation. Malgré