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LA
PEINTURE DE BATAILLES

LE NOUVEAU TABLEAU DE M. MEISSONIER. — L'EXPOSITION DES OEUVRES DE PILS.


I

La peinture de batailles est presque aussi ancienne que la peinture elle-même. L’art, consacré à son origine à la seule représentation des types divins, ne tarda pas à se faire humain. Il descendit de l’Olympe ; après avoir montré les dieux, il montra les hommes. L’homme, il le peignit tout d’abord dans son acte le plus terrible et le plus sublime : le meurtre et le sacrifice de sa vie. Le premier tableau de batailles dont parle l’histoire de l’art date du VIIIe siècle avant l’ère chrétienne. C’était une Bataille des Magnésiens, peinte par Bularque, qui fut payée son pesant d’or par le fameux roi Candaule. Les peintres grecs de la grande époque ont aussi pris plus d’un sujet dans les fastes militaires de la Hellade. Fresques et panneaux, œuvres de Panaenos et de Polygnote, tout a péri dans le grand naufrage de la peinture antique, et les descriptions de Pline et de Pausanias sont à la fois trop succinctes et trop confuses pour qu’elles puissent donner une idée juste de la manière de traiter les tableaux de batailles chez les anciens. On en jugera avec plus de certitude par la grande mosaïque de la Bataille d’Arbelles. Cette œuvre est une vraie page d’histoire militaire. Inspirée par le récit de Plutarque, elle en retrace le principal épisode. Darius debout sur son char et entouré d’une troupe de cavaliers perses, la lance basse, prêts à recevoir le choc de l’ennemi, occupe la droite de la