Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 13.djvu/926

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours de base à la mesure des hauteurs par le moyen du baromètre, et les travaux d’une foule de physiciens, de géologues et de botanistes qu’il est inutile d’énumérer. Mentionnons seulement les expériences comparatives faites en 1864 par MM. Charles Martins et Roudier à Bagnères et au Pic-du-Midi sur réchauffement de l’air et du sol du aux rayons solaires. Le Pic-du-Midi de Bigorre est enfin une excellente station géodésique. Le colonel Peytier, des géographes militaires, a campé sous la tente, sur la plate-forme du sommet, pendant quinze jours ; lorsqu’il revint, lui et ses hommes étaient basanés comme après un voyage en Afrique ; ils avaient les lèvres et les oreilles gercées et fendues par l’effet de l’air et du soleil trop vifs. Heureusement ces sortes d’accidens sont faciles à prévenir.

Comme emplacement d’un observatoire météorologique, le Pic-du-Midi a un grand avantage sur le Puy-de-Dôme : c’est que, grâce à une élévation presque double, la cime du premier est la plupart du temps au-dessus des orages. Les nuages orageux ont sur cette montagne un goulet naturel tout près d’un petit plateau, à environ 200 mètres au-dessous du sommet. Le pic se trouve ainsi constamment plongé dans une atmosphère lumineuse et légère et en dehors de toute influence due, soit aux courans des basses vallées, soit au rayonnement des autres sommets de la même chaîne, car il est comme une sentinelle avancée, détachée à 30 kilomètres du massif central, qui se développe devant lui de la Méditerranée à l’Océan. Il faut ajouter que, malgré sa grande élévation, le Pic-du-Midi se dépouille rapidement, aux premières chaleurs, des neiges de l’hiver, ce qui est une excellente condition pour l’établissement d’un poste permanent. La ligne des neiges éternelles, qui dans les Alpes descend jusqu’au niveau de 2,700 mètres, se relève dans les Pyrénées jusqu’à 3,000 mètres : elle passe bien au-dessus du Pic-du-Midi.

La question la plus grave de celles que soulève l’établissement des observatoires de montagne, c’est le problème de l’hivernage sur les hauteurs. A cela près que l’hiver dure ici moins longtemps, une station sur un pic élevé équivaut à un séjour sous le cercle polaire, et pour se faire une idée des difficultés de la vie dans ces conditions, on n’a qu’à lire les relations des Ross, des Parry, des Kennedy, ou celles des nombreux marins qui dans ces dernières années ont encore tenté d’approcher du pôle nord. Puis nous avons les rapports des courageux observateurs que M. Dollfus-Ausset avait installés sur les glaciers de la Viège, dans le Valais. Sans les avalanches, l’hôtellerie du Pic-du-Midi serait habitable toute l’année, malgré son altitude de 2,238 mètres, car elle est exposée au midi,