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médailles pour les entrepreneurs de moissonnage mécanique pouvant justifier de la plus grande étendue moissonnée par leurs appareils. L’entrepreneur à qui le prix été décerné a moissonné plus de 900 hectares dans le département de la Marne, à l’aide de cinq machines. Enfin, la Société organise tous les ans un concours de moissonneuses à la colonie de Mettray, dont l’exploitation lui sert d’école expérimentale.

Cette société n’a pas encore créé de concours spéciaux pour les animaux de la ferme ; mais chaque année elle décerne des médailles d’honneur aux exposans les plus méritans dans les expositions des comices cantonaux. Secondée par le zèle de ses membres, elle a institué une grande enquête sur l’état du bétail en France. Les résultats très intéressans en sont publiés dans ses bulletins mensuels.

C’est seulement depuis une trentaine d’années que la préoccupation de l’amélioration de nos races domestiques est devenue sinon générale, du moins très commune parmi tous les cultivateurs. Jusque-là de grands propriétaires isolés avaient seuls essayé d’acclimater quelques espèces étrangères, plutôt par faste que par véritable intérêt agricole ; mais les attrayantes études sur l’agronomie anglaise, publiées dans la Revue par M. Léonce de Lavergne, ont puissamment contribué à éveiller le goût du progrès chez nos éleveurs et à appeler la faveur publique sur leurs essais. Leurs premières tentatives furent marquées par d’inévitables tâtonnemens et par un entraînement parfois irréfléchi vers certaines races que les Anglais ont poussées à un engraissement excessif ; mais l’expérience a parlé : elle conseille sagement de conserver la plupart de nos races indigènes, dont quelques-unes présentent une haute valeur ; tant par leur nombre que par leurs qualités héréditaires. Sans doute des croisemens faits avec réserve peuvent encore accroître la perfection de quelques-unes de nos espèces les plus fines ; mais tout mélange doit être repoussé de nos races des pays montagneux, où un climat sévère, un sol peu fertile, ne se prêtent pas à l’introduction d’animaux trop délicats, dont l’effet serait du reste de compromettre la rusticité et l’aptitude au travail des espèces indigènes.

C’est donc par une meilleure nourriture et par le choix de bons reproducteurs, qui ne sont eux-mêmes que le résultat de soins antérieurs, que l’on doit surtout chercher à développer toutes les bonnes qualités et à atténuer les difformités de la plupart de nos vieilles races françaises. Aussi les agriculteurs se préoccupent-ils, surtout de régulariser le régime de leur bétail, et de faire en sorte qu’à l’abondance qui règne, en été il ne succède pas de trop grandes privations en hiver. Pour cela, les pays les plus fertiles ont la betterave, cette corne d’abondance de l’agriculture moderne, dont la pulpe reste au bétail après la fabrication du sucre. Les pays les plus pauvres utilisent l’ajonc toujours vert ; ceux dont la fertilité est moyenne cultivent, le maïs, qui, haché et mis en silos, donne une nourriture fermentée très agréable au bétail.