Je néglige la Vierge, très supérieure par le choix du type aux vierges de Van-Eyck, très inférieure aux portraits des deux saintes. La sainte Catherine est en longue jupe collante et traînante à fond noir, ramagée d’or, avec manches de velours cramoisi, corsage échancré et collant; un petit diadème d’or et de pierreries enferme son front bombé. Un voile transparent comme de l’eau ajoute à la blancheur du teint la pâleur d’un tissu impalpable. Rien n’est plus exquis que ce visage enfantin et féminin, si finement serré dans sa coiffure d’orfèvreries et de gaze, et jamais peintre amoureux des mains d’une femme ne peignit quelque chose de plus parfait en son geste, dans son dessin, dans son galbe, que la main pleine et longue, fuselée et nacrée qui tend un de ses doigts à l’anneau des fiançailles.
La sainte Barbe est assise. Avec sa jolie tête droite, son cou droit, sa nuque haute et lisse à fermes attaches, ses lèvres serrées et mystiques, ses belles paupières pures et baissées sur un regard qu’on devine, elle lit attentivement dans un livre d’heures au dos duquel on voit un bout de couverture en soie bleue. Son buste se dessine sous le corsage ajusté d’une robe verte. Un manteau grenat l’étoffe et l’habille un peu plus amplement de ses larges plis très pittoresques et très savans. Memling n’eût-il fait que ces deux figures, — et le Donateur avec le saint Jean sont aussi des morceaux de premier ordre, de même intérêt, quant à l’esprit, — on pourrait presque dire qu’il eût fait assez pour sa gloire d’abord, et surtout pour l’étonnement de ceux que certains problèmes préoccupent et pour le ravissement qu’on éprouve à les voir résolus. A n’observer que la forme, le dessin parfait, le geste naturel et sans pose, la netteté des teints, la douceur satinée des épidémies, leur unité, leur souplesse; à considérer les ajustemens dans leur couleur si riche, dans leur coupe si juste et si physionomique, on dirait de la nature elle-même observée par un œil admirablement sensible et sincère. Les fonds, l’architecture et les accessoires ont toute la somptuosité des mises en scène de Van-Eyck. Un trône à colonnes noires, un portique de marbre, un parquet de marbre; sous les pieds de la Vierge, un tapis persan; enfin pour perspective une campagne toute blonde et la silhouette gothique d’une ville à clochers noyée dans le tranquille éclat d’une lumière élyséenne; le même clair-obscur que dans Van-Eyck avec des souplesses nouvelles; quelques distances mieux marquées entre les demi-teintes et les lumières ; en tout une œuvre moins énergique et plus tendre, — tel est, en le résumant d’un coup d’œil, le premier aspect du Mariage mystique de sainte Catherine.
Je ne vous parle ni des autres petits tableaux si respectueusement