Parmi les grandes dames protestantes qui vécurent pendant les temps les plus troublés de la réforme, il n’en est pas que l’histoire doive regarder d’un œil plus compatissant que Louise de Coligny, la fille de M. l’amiral, la veuve de M. de Téligny, la veuve de Guillaume le Taciturne. Les nobles figures du xvie siècle sont restées longtemps comme effacées dans le rayonnement du grand siècle qui l’a suivi, et l’école philosophique du siècle suivant, qui n’éprouvait pas de vives sympathies pour les huguenots, n’a pas tenté de les remettre dans le grand jour. L’histoire de la réforme française, si riche en tragiques souvenirs et en grands caractères, n’a encore été écrite que par fragmens, et elle l’a été rarement avec une véritable impartialité.
La femme dont nous avons retrouvé dans nos riches archives nationales une correspondance inédite appartient à tous les titres à cette histoire négligée. Pendant bien longtemps, elle n’a été connue que par une biographie de quelques pages, insérée dans les excellens Mémoires pour servir à l’histoire de la république des Provinces-Unies et des Pays-Bas ; on l’y trouve comme perdue parmi les biographies des princes d’Orange, de Barneveld, d’Aersens, ambassadeur des Pays-Bas à la cour de France, et de Grotius. Le père d’Aubry du Maurier, l’auteur de ces mémoires, avait longtemps représenté la France à La Haye, et avait eu les plus affectueux rapports avec la princesse d’Orange. Ces mémoires naïfs ne sont que le souvenir des conversations d’un père avec son fils. Nous retrouvons