froideur dans l’entretien où il annonce à Marie son irrévocable résolution !
O Philippe, faut-il donc que vous partiez ?
Madame, il le faut.
Quand un mari et une femme se séparent, c’est comme si un cœur se fendait ; cette moitié flotte d’un côté, et celle-ci de l’autre.
Vous dites vrai, madame.
Il me semble que, si vous vouliez le retarder un jour de plus, je pourrais mieux m’habituer à supporter votre départ ; ne le voulez-vous pas ?
Madame, il suffit d’un jour pour perdre ou pour sauver un royaume.
Il suffit d’un jour aussi pour empêcher un cœur de se briser.
Eh bien, Simon Renard, pouvons-nous nous arrêter un jour ?
Un jour de plus ne portera point de préjudice, autant que je puis voir, aux affaires de votre grâce.
Un jour de plus donc pour plaire à votre majesté.
Un rayon de soleil passe encore à travers ma vie. Oh ! si cette séparation, Philippe, vous faisait éprouver ce que j’éprouve.
Je prends saint Jacques à témoin que sur mon honneur et ma foi d’Espagnol je suis excessivement peiné de quitter votre majesté. Simon, le souper est-il prêt ?
Voilà l’aimable époux que Marie en est réduite à regretter. Quand il reviendra, elle ne réussira pas davantage à le retenir. Une fois qu’il aurait obtenu d’elle la promesse de déclarer la guerre à la France et de reconnaître Elisabeth comme héritière, il s’en ira pour jamais. Tout échappe à la fois à Marie Tudor ; les supplices n’ont pas converti le royaume, les sacrifices d’hérétiques n’ont pas touché le ciel, et Philippe la hait. Ce dernier coup est le plus sensible de