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800,000 mètres cubes de bois de sapin que la France récolte annuellement sur son territoire.

En produits fabriqués, tels que sciages et charpentes, on ne peut pas tirer de là plus d’un 1/2 million de stères. Les forêts de pins et de mélèzes, plus étendues, mais moins productives, livrent tout au plus un volume de bois d’œuvre de même importance, perches non comprises. Un million de stères de bois résineux employés en sciages, charpentes, mâtures, bois de fente. et de travail, telle est donc au maximum la quantité des produits obtenus du sol français.

En 1873, il est entré en France 120 millions de mètres courans de planches payés 80 millions de francs. La Suède et la Norvège nous ont fourni les deux tiers de ces bois, et la Russie baltique un dixième. La Suisse nous en a cédé autant que cette dernière, mais ses exportations diminuent d’année en année. Avec l’Allemagne, le commerce du bois se réduit à des échanges à peu près équivalens. La Belgique ne fait que du transit, et les bois qu’elle nous envoie viennent du nord en passant par Anvers. L’Italie, l’Autriche et la Turquie ne nous vendent que des quantités sans importance, et les importations d’Amérique deviennent insignifiantes. En résumé, ce sont la Suède, la Norvège et la Finlande qui nous approvisionnent de sciages. Les bois de charpente résineux importés annuellement comprennent environ 500,000 stères et sont payés 20 millions de francs ; mais cette quantité est restée sensiblement la même depuis vingt ans, et nos exportations la compensent à demi par suite de l’abondance des petits bois. L’excédant de nos importations de bois résineux s’élève en somme à 1 million ou 1 million 1/2 de stères, suivant les années. C’est une masse de bois plus considérable que la production indigène ; mais, à vrai dire, une quantité faible eu égard aux besoins à satisfaire.

Ce bois n’est en effet qu’une matière première commune, que l’on consomme par masses, et dont la production proprement dite ne coûte rien. L’Angleterre en achète trois fois autant que la France, les États-Unis en usent bien plus encore, et les pays producteurs consomment sous toutes les formes, et notamment en combustible, dix fois plus de bois qu’ils n’en vendent. La France elle-même a payé à l’étranger en 1873 trois fois autant pour la houille que pour les planches. Les faits importans sont donc ici les prix et les moyens d’approvisionnement. Cependant il est bon de remarquer que les résineux forment la quantité principale de nos importations ligneuses, et que celles-ci sont dès maintenant dans les premiers rangs de nos importations générales ; elles arrivent avec les peaux et les cuirs, immédiatement après les soies et les laines, les cotons et les houilles, toutes matières premières que la France demande en grande partie à l’étranger.