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apparaît exactement close en bas, ouverte en haut ; plus l’orifice devient étroit, plus le son s’élève. Le chanteur distingue les registres à l’oreille par le timbre, le physiologiste à la vue ; pour ce dernier, l’un des registres est la série des sons donnés par la glotte ouverte dans toute sa longueur, l’autre la série des sons donnés par la glotte ouverte dans une portion, restreinte. À cet égard, les résultats des premières recherches laissaient des incertitudes ; le docteur Mandl les a fait disparaître, tant il a multiplié les observations. Ce savant a le mérite d’avoir bien reconnu les dispositions de l’appareil vocal dans l’émission des notes graves ou aiguës, comme d’avoir prouvé, contre l’opinion trop aisément accréditée, que l’élévation ou l’abaissement du larynx n’exerce aucune influence sur la hauteur du son.

Tandis que l’orifice de la glotte se modifie, les lèvres vocales changent d’aspect ; elles se tendent, se raccourcissent, s’épaississent et vibrent toujours davantage lorsque la voix monte. La femme, ayant le larynx petit et les lèvres vocales relativement courtes, chante à un diapason supérieur à celui de l’homme, d’un timbre moins puissant, mais plus doux, plus uniforme, plus mélodieux. Dans l’exercice du chant, l’organe doit être souple pour obéir à la volonté. S’agit-il d’attaquer isolément les sons, il faut que de brusques mouvemens de la glotte les détachent les uns des autres, de filer le son, il est nécessaire qu’à travers la glotte vibrante le courant d’air passe d’abord très faible, par degrés plus intense jusqu’à la moitié de la course et diminue d’une manière presque insensible. Pour tenir le son, il est indispensable que les lèvres vocales gardent pendant toute la durée une tension bien égale ; au moindre accident, la voix chevrote. Dans la transition d’un registre à l’autre, l’action des muscles se déplace, et l’habileté de l’artiste se dénote si le changement de mécanisme demeure inaperçu.

Les limites ordinaires de la voix comprennent environ deux octaves de l’échelle musicale ; par l’exercice, on les porte assez facilement à deux octaves et demie, l’étendue de trois octaves et surtout de trois octaves et demie est très exceptionnelle. Ainsi au commencement du siècle, la Catalani étonnait comme une sorte de prodige. Les voix classées d’après la hauteur, c’est pour l’homme : la basse, le baryton, le ténor ; pour la femme : le contralto, le mezzo-soprano et le soprano. Les basses ne descendent guère au-dessous du son de 173 vibrations, le soprano monte rarement au-dessus de la note de 2,069 vibrations. On cite pourtant des voix graves qui donnent la note de 87 vibrations et des voix aiguës qui atteignent celle de 2,784 vibrations. Les cantatrices les plus renommées de nos jours en offrent l’exemple[1]. Les divers types de la voix ne sont pas

  1. En général, la voix de basse va du fa 1 = 173 vibrations au 8 = 580 vibrations ; celle de baryton, du la 1 = 217 vibrations au fa 8 = 690 vibrations ; celle de ténor du 2 = 290 vibrations au si 3 = 976 vibrations ; celle de contralto du sol 2 = 387 vibrations au fa 4 = 1381 vibrations ; celle de mezzo-soprano du si 2 = 488 vibrations au la 4 = 1740 vibrations ; celle de soprano de l’ut 8 = 517 vibrations à l’ut 5 = 2069 vibrations. —