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nullement de réussir ; il sait qu’à force de patience on surmonte de terribles obstacles.

Après l’homme, entre tous les êtres animés, les oiseaux occupent le rang le plus distingué dans le concert de la nature ; ils égaient les campagnes, les bois, les jardins d’une infinité de petits cris et de gazouillemens qui font rêver le bonheur de la vie. Les délicieux ramages et les chansons d’un charme sans pareil sous les futaies ont invité plus d’une fois les naturalistes à entreprendre l’étude de la structure et du mécanisme de l’instrument magique dont disposent de mignonnes créatures. George Cuvier a découvert le point précis où se forme la voix. Les oiseaux ont deux larynx, l’un au sommet de la trachée-artère, l’autre à la base. Ce dernier seul engendre les sons, le premier n’agit que par la résonnance. Une facile expérience le prouve : que l’on coupe la trachée-artère dans le milieu, la voix ne cessera de se produire. L’organe vocal se montre sous les apparences d’une caisse que les anatomistes désignent sous le nom de tambour. Il est formé des derniers anneaux de la trachée et des premiers anneaux des bronches. Le plus souvent le larynx est divisé dans sa portion inférieure, tantôt par l’angle de réunion des tuyaux bronchiques, tantôt par une lame osseuse servant de point d’attache à une membrane qui s’élève du bord interne de chacun de ces tuyaux et limite la glotte avec une saillie opposée dont le bord est élastique. Ainsi deux lèvres remplissent le rôle de cordes vocales ; elles se tendent ou se relâchent par l’action d’un appareil de muscles ou très simple ou très compliqué. La variété des aptitudes vocales, immense chez les oiseaux, répond à une très grande diversité dans les détails de la structure du larynx et dans la conformation de la trachée-artère.

Amis de la société, les perroquets vivent en troupes nombreuses sous les plus beaux climats du monde, ont un besoin de bavardage que ne diminue en aucune façon la captivité. Plusieurs individus se trouvant réunis, semblent parfois se livrer à d’interminables conversations. Attentifs à toutes les voix, même à tous les bruits, les perroquets les imitent avec une étonnante facilité ; aussi aisément ils imitent la parole articulée des hommes, et ce phénomène reste encore inexplicable. Le jeu de la langue a sans doute une part importante dans l’articulation des sons, mais la nature des résonnances conduit à soupçonner une activité particulière du larynx supérieur. Des recherches entreprises à ce sujet ne tarderont peut-être pas à répandre un certain jour sur une des plus singulières aptitudes dont les animaux offrent l’exemple. On croit généralement les perroquets incapables d’attacher un sens aux phrases qu’ils ont apprises ; ce n’est pas la vérité absolue. Dans certaines