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second dans les météorites, soit à l’état métallique, soit à l’état de phosphure double de nickel et de fer. Ce qui est curieux, c’est qu’il n’y a pas trace de chlore, de soufre, pas même de carbone, substances que l’on rencontre souvent dans les météorites ; l’oxygène, l’azote, semblent également faire défaut, ainsi que les métaux nobles, l’or, le platine, l’argent. Peut-être l’absence des raies caractéristiques de ces corps tient-elle simplement à la température relativement, basse de la chromosphère. On sait, au surplus, que les métaux nobles font aussi défaut dans les météorites[1].

La photographie est venue à son tour abréger et simplifier la tâche des observateurs. La première application de cet art à l’astronomie a été faite en France : dès 1845, MM. Fizeau et Foucault présentaient à l’Académie des sciences une épreuve photographique du soleil sur laquelle les taches étaient nettement visibles. Vers 1857, M. Warren de la Rue, en Angleterre, réussit à simplifier notablement le procédé, et à partir de l’année suivante son photohéliographe, instrument destiné à la reproduction régulière de l’image solaire, fut installé à l’observatoire de Kew, qui est en quelque sorte l’arsenal scientifique de l’Association britannique pour l’avancement des sciences et de la Société royale de Londres. La lunette du photohéliographe, qu’un mouvement d’horlogerie entraîne de telle manière qu’elle suit le soleil, donne des images de 30 centimètres de diamètre. L’appareil a fonctionné régulièrement jusqu’au printemps de 1872, où se terminait la période pendant laquelle M. Warren de la Rue s’était engagé à faire les frais de ces observations ; il fut alors démonté et réparé, puis transféré à Greenwich. En moyenne, on a eu 170 jours par an où il a été possible de photographier le soleil, et le nombre moyen d’images obtenues chaque année est de 275. Depuis cette époque, l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg a fait installer un appareil semblable à Wilna, et l’observatoire de l’infant dom Luiz, à Lisbonne, a suivi cet exemple. Pour le Collège romain, le père Secchi a également fait construire un appareil photographique qui s’adapte au grand équatorial de cet établissement. Enfin nous savons que M. Warren de la Rue et le père Secchi ont employé la photographie dès 1860 à la reproduction des phases d’une éclipse totale de soleil ; la comparaison de leurs épreuves a démontré l’identité des protubérances qui sont vues de deux stations différentes.

  1. L’analyse chimique des pierres météoriques a fait reconnaître dans ces fragmens d’astres une vingtaine d’élémens terrestres, parfois associés en combinaisons particulières que ne présentent jamais nos espèces minérales. Le caractère commun de ces composés, c’est un degré inférieur d’oxydation, une sorte de privation d’oxygène ; M. Daubrée a pu les imiter en fondant des minéraux terrestres dans une enceinte désoxydante.