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modernes eux-mêmes ont envisagé ces faits, dit M. Faye. L’idée qu’une étoile puisse osciller quelque temps, comme une flamme qui va s’éteindre et finit par disparaître, choque d’anciens préjugés depuis longtemps oubliés, mais dont les racines vivent encore en nous à notre insu. » Nous sommes encore malgré nous esclaves de l’antique croyance à « l’incorruptibilité des cieux, » que Kepler osa le premier battre en brèche. Pourtant nous sommes bien obligés d’admettre que les astres ont eu un commencement et auront une fin, qu’après la période de formation vient la période de déclin, suivie d’une extinction finale. Ces périodes sans doute embrassent des milliers de siècles ; mais, faute de les étudier dans le temps, nous les saisissons dans l’espace. « L’espace nous présente simultanément, dans l’armée céleste, des étoiles parvenues à toutes les phases de l’existence stellaire, de même qu’une forêt nous permet de suivre l’évolution d’un chêne dans la suite des siècles en nous montrant à la fois des arbres parvenus à tous les degrés de croissance. »

En 1841, un astronome français, M. Laugier, dont la science déplore la perte récente, entreprit une longue série de mesures micrométriques des taches solaires, dont la conclusion fut que les rotations, déduites du mouvement de taches diversement situées sur le disque, variaient de 24 à 26 jours, offrant ainsi un écart de deux jours entiers. Ce point a été complètement élucidé par le grand travail que M. Richard C. Carrington a exécuté de 1853 à 1861 à son observatoire de Redhill, et dont les résultats ont été publiés en 1863.

M. Carrington s’était proposé de dessiner jour par jour toutes les taches visibles, de tenir en quelque sorte une comptabilité régulière de la surface du soleil. Jugeant l’emploi de la photographie trop coûteux ou trop difficile encore, il s’en tint (et c’est dommage) à la projection de l’image solaire sur un écran de verre dépoli peint en jaune. L’image avait des dimensions très suffisantes (28 centimètres) ; on observait sur l’écran les passages des deux bords opposés du disque et ceux des taches par le réticule de la lunette, c’est-à-dire par les images de deux fils d’or en croix qui formaient des angles de 45 degrés avec la direction du mouvement diurne. La discussion des précieux matériaux accumulés par M. Carrington dans l’espace de sept années a donné pour les élémens du soleil, à savoir pour l’inclinaison de son axe et pour la situation de l’équateur solaire, des nombres qui diffèrent assez peu de ceux trouvés par M. Laugier ; M. Carrington d’ailleurs déclarait que, pour obtenir une détermination plus précise, il faudrait au moins dépenser 5 000 livres sterl. (125 000 francs). On peut considérer comme une continuation de son travail les observations que M. Spœrer, professeur au gymnase d’Anclam, poursuit depuis 1861, et dont