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laire de onze ans régit aussi les phénomènes magnétiques du globe terrestre. M. Hornstein a même signalé dans les observations magnétiques de Prague une période beaucoup plus courte, qui semble dépendre de la rotation du soleil, et qui donnerait pour cette dernière une durée de 24 jours 13 heures, plus petite que celles que donnent les taches. L’existence d’un rapport entre les phénomènes solaires et le magnétisme terrestre est donc désormais hors de doute ; il reste maintenant à décider si le soleil agit sur la terre directement par une influence magnétique proprement dite, ou indirectement, par la chaleur qu’il lui envoie, et qui est peut-être pour quelque chose dans la production des courans électriques auxquels On ramène l’explication du magnétisme terrestre. Quant à la cause de la période solaire elle-même, il faut avouer qu’elle nous est inconnue. On a voulu la trouver dans les conjonctions des planètes ; mais c’est peut-être oublier l’énorme disproportion qui existe entre les masses planétaires et celle du soleil.

D’où vient l’énorme chaleur concentrée dans le brasier solaire, et comment se fait-il qu’en dépit d’un rayonnement formidable elle ne semble pas même diminuer depuis des milliers d’années ? Les expériences de Pouillet, de sir John Herschel, nous ont appris que la chaleur que nous recevons pendant une année suffirait pour fondre Une couche de glace qui envelopperait la terre et aurait 30 mètres d’épaisseur ; on peut en conclure que la radiation totale du soleil ferait fondre dans le même temps une couche de glace de 6 000 kilomètres qui entourerait le soleil lui-même ; elle serait engendrée par la combustion d’une couche de houille de 27 kilomètres. Si nous adoptons les vues de Laplace sur la formation du système solaire par la condensation successive d’une vaste nébuleuse, on peut expliquer la température élevée du soleil par les collisions des myriades d’atomes qui sont venus se réunir pour former l’astre central. Quant à l’entretien de la chaleur solaire, l’hypothèse célèbre de M. Waterston en rend compte par une pluie incessante de météores cosmiques qui se précipitent dans le soleil, et dont la force vive devient feu ; mais cette hypothèse, qui d’ailleurs soulève bien des difficultés au point de vue astronomique, devient inutile lorsqu’on admet, avec M. Faye, une circulation incessante qui, en ramenant à la surface de l’astre la chaleur des couches centrales, y maintient une température constante, qui ne s’affaiblira que dans le cours des âges.

Quelle est cette température de la surface du soleil ? La réponse est difficile, car, en s’appuyant sur des mesures directes de la radiation solaire, les physiciens sont arrivés aux résultats les plus discordans. Le père Secchi et M. Waterston soutiennent que la température du soleil dépasse 4, peut-être 10 millions de degrés ; des