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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/689

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machines ou de ses hélices. Le nombre en est d’ailleurs motivé par une autre considération : celle de donner au navire une vitesse suffisante.

La Novgorod file 7 nœuds 1/2 à l’heure. Pour obtenir cette marche, ses hélices ne suffiraient pas, s’il était circulaire sous l’eau comme au-dessus ; mais ce bâtiment est pourvu d’une étrave dont la forme tranchante laisse à l’eau son écoulement ordinaire à l’arrière des navires quand ils sont en mouvement. M. Reed a dit : « L’eau semble ne savoir où se diriger pour laisser passer le navire ; » toutefois elle finit par prendre son cours. La vitesse de 7 nœuds 1/2 en est une preuve. Cette vitesse serait certainement insuffisante s’il s’agissait d’une frégate. On s’efforce toujours de donner à ces navires une vitesse de 14 nœuds au moins ; mais les popofkas sont exclusivement destinées au service de gardes-côtes, et 7 nœuds 1/2 peuvent suffire aux navires de ce caractère. Le principal mérite des popofka est d’évoluer avec une très grande facilité et de ne pas décrire de grands cercles, comme la plupart des bâtimens cuirassés lorsque le gouvernail les appelle à tourner sur eux-mêmes. Cette qualité est précieuse surtout pour des gardes-côtes, car ceux-ci paraissent devoir être munis dans leur pourtour d’un chapelet de torpilles à lancer sur l’ennemi, on compte sur la rapidité de leurs évolutions pour favoriser cette manœuvre ; à une torpille manquant son but, on en substituerait promptement une autre. Ce bâtiment de nouvelle invention a de plus une autre supériorité, d’une nature moins belliqueuse : c’est de n’avoir ni roulis, ni tangage, qualité rare à laquelle même les hommes de mer ne sont pas toujours indifférens. La popofka Novgorod paraît avoir satisfait l’amirauté. Celle-ci a commandé un autre bâtiment de même forme, mais de dimensions encore bien plus grandes, qui a été lancé dernièrement. On l’appelle Vice-Amiral-Popof. Son diamètre est de 120 pieds, son déplacement de trois mille cinq cents tonneaux, sa cuirasse, plus épaisse qu’aucune de celles des navires actuels ; sa vitesse dépasse de 2 nœuds celle de la popofka Novgorod. Dans la défense des fleuves de l’empire, il remplacera avantageusement les navires que les Prussiens ont construits et qu’ils nomment monitors du Rhin. Ceci fait penser aux chaloupes canonnières françaises qui devaient aussi être lancées sur le Rhin pendant la guerre avec la Prusse ; elles y eussent fait une utile diversion. Un contre-amiral avait été envoyé à Strasbourg pour en prendre le commandement, mais les chaloupes canonnières n’étaient pas prêtes. On ne put donc rien envoyer au commandant resté à Strasbourg en expectative. Cet officier-général, dont le courage était proverbial et qui eût rendu bon compte de la flottille confiée à son