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production des sons. Le programme des études classiques se trouvant en retard de quelques siècles, il convient de rappeler les traits essentiels de la conformation de la partie des organes respiratoires où se forme la voix.

De la poitrine s’élève jusque vers la région moyenne du cou la trachée-artère qui établit le passage de l’air entre la bouche et les poumons. Tuyau garni de cercles cartilagineux, la trachée-artère se partage à son extrémité inférieure en deux conduits bientôt divisés et subdivisés en rameaux nombreux ; ce sont les bronches, qui aboutissent aux cellules pulmonaires. Au sommet du tuyau, dressé à la manière d’un chapiteau sur le fût d’une colonne, se montre le larynx sous l’apparence d’une boîte anguleuse. Des cartilages unis par des ligamens assurent une résistance considérable à la paroi du larynx, qui est revêtue à l’intérieur d’une membrane muqueuse concourant à former des replis qu’on appelle les cordes ou mieux les lèvres vocales. Par l’action de muscles particuliers, ces replis s’écartent, s’allongent, se raccourcissent, se tendent, et de la sorte naissent des sons différens. Les cartilages sont au nombre de quatre : deux occupent la face antérieure de la boîte, les deux autres les parties latérales. Dans l’âge avancé, ces lames s’ossifient ; alors la souplesse du larynx se trouve fort amoindrie, la voix perd le pouvoir des modulations qu’elle avait au temps de la jeunesse. Un des cartilages apparaissant sous la forme d’un anneau s’élève beaucoup en arrière ; solidement fixé sur le premier cercle de la trachée, il sert de support aux diverses pièces dont se compose le larynx. La plus grande de ces pièces, comme un bouclier, protège en avant l’appareil vocal ; profondément échancrée, les bords rabattus de l’échancrure font sur la ligne médiane une saillie faible chez les femmes, plus ou moins accusée chez les hommes. Chacun en marque la place et appelle la proéminence la pomme d’Adam. Implantés sur la pièce annulaire à la partie postérieure de la boite laryngienne, les cartilages latéraux affectent la figure de petites pyramides triangulaires à surface inégale ; légèrement courbés au sommet, ils supportent une petite lame corniculée dont l’apparence aux yeux des anciens anatomistes était celle d’un bec d’aiguière[1]. Très mobiles, les cartilages latéraux jouent un rôle considérable dans l’émission de la voix.

Le larynx peut se déplacer dans une certaine mesure. Maintenu à l’os de la langue au moyen d’une membrane renforcée de ligamens, il s’élève sous l’action de muscles fixés à l’os de la langue et

  1. Le cartilage annulaire est le cartilage cricoïde des anatomistes ; le bouclier, le cartilage thyroïde ; les cartilages latéraux ou le bec d’aiguière les arythénoïdes ; la petite lame qu’ils supportent, les cartilages de Santorini.