mobilité parfaite, la langue se déplace dans tous les sens ; en arrière, le voile du palais détaché de la voûte est souple et contractile. Ce voile, simple repli de la membrane muqueuse, descend à la manière d’une cloison séparant la cavité buccale de la cavité pharyngienne, puis il remonte vers les fosses nasales de façon à intercepter le passage ; — un appendice le termine, c’est la luette. Ne remplit-il pas exactement son office, la voix prend un caractère particulièrement désagréable, elle est nasillarde. La bordure de dents a son rôle dans la parole ; une brèche faite au rempart, la prononciation devient défectueuse, l’air s’échappe par l’espace resserré et produit un sifflement.
Les dispositions de l’ensemble de l’appareil vocal se trouvant étudiées, en l’absence de moyens d’observation directe on eut recours à une infinité de stratagèmes pour entrevoir le jeu des organes et expliquer le mécanisme de la production de la voix. C’est une lutte contre d’incroyables difficultés où l’esprit humain, sans obtenir une victoire complète, se montre avec honneur. Des savans parvinrent à formuler des théories qui approchent de la vérité ; néanmoins ces théories, impuissantes à conjurer l’erreur, à écarter des incertitudes comme à exprimer toute la vérité, ne sont plus aujourd’hui que les monumens d’une période scientifique déjà vieille.
Galien, comparant l’organe de la voix à la flûte à double anche, reconnaissait dans les lèvres vocales la partie sonore. Fabrizio d’Acquapendente, l’illustre professeur de l’université de Padoue, attribuant aussi à la glotte l’émission de la voix, pensait que les sons graves ou aigus ont pour cause la dilatation ou le rétrécissement de l’orifice. Un membre de notre ancienne Académie des sciences, Dodart, soutenait que le ton dépend des vibrations plus ou moins nombreuses des cordes vocales. Ferrein, l’un des anatomistes célèbres du xvrae siècle, eut l’idée de faire rendre des sons au larynx d’un cadavre, en soufflant par la trachée-artère, et il déclare les lèvres de la glotte capables de trembler et de sonner à la manière des cordes d’une viole. Les auteurs se succédant donnaient une opinion sans mettre en lumière aucun fait propre à la justifier. Magendie, le physiologiste qui entendait ne prendre souci que de son expérience personnelle, entreprit des recherches sur des animaux vivans ; la glotte mise à découvert, il vit les lèvres vocales entrer en vibration pendant le cri ; il s’assura que les lésions des parties supérieures du larynx n’empêchent nullement la voix de se produire. Savart, le physicien qui s’est illustré par de brillans travaux sur l’acoustique, crut tout expliquer par la comparaison de l’appareil vocal de l’homme avec un tuyau d’orgue. Un auteur allemand, Lehfeld, insista sur l’effet particulier des cordes,