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LA
CRISE PRESIDENTIELLE
AUX ETATS-UNIS

I.
L'ADMINISTRATION DU GENERAL GRANT.

La constitution des États-Unis ne met aucun obstacle à ce qu’un citoyen remplisse les fonctions de président aussi souvent que le suffrage de la nation lui conférera cette haute dignité ; mais une tradition, invariablement observée, supplée en ce point au silence de la constitution. L’illustre Washington ayant refusé, après deux élections consécutives, de se laisser porter une troisième fois à la suprême magistrature, tous ses successeurs se sont fait une règle de se conformer à l’exemple donné par le père de la république. Le général Jackson lui-même, malgré son caractère ambitieux et dominateur, n’essaya point de se perpétuer au pouvoir après sa deuxième élection, et il n’usa de son immense popularité que pour désigner au choix de la nation, en M. Van Buren, le successeur qu’il préférait. Loin que cette conduite provoquât la moindre surprise, nombre de gens se plurent à prédire que le général Jackson serait le dernier président honoré d’une seconde élection. Une tendance générale et irrésistible entraînait alors tous les états à rendre les charges publiques accessibles au plus grand nombre de candidats par un système de roulement perpétuel, à abréger la durée de