Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août 1876.

S’il y a un phénomène de notre vie française qui devrait donner à réfléchir aux meneurs de partis, aux agitateurs de toute sorte et de toute nuance, c’est le calme profond auquel s’abandonne si facilement le pays dès qu’il reste livré à lui-même. Tous les ans, vers cette saison d’automne qui commence, c’est à peu près le même spectacle d’apaisement sensible et rassurant.

À peine le bruit a-t-il cessé à Versailles, à peine les vacances ont-elles interrompu les conflits passionnés de parlement, les luttes confuses plus fréquentes que les discussions sérieuses, on dirait que tout change, que c’est en quelque sorte la vie régulière qui reprend son cours. En voilà au moins pour quelques mois sans qu’on ait à craindre les compétitions ardentes, les querelles importunes et les crises soudaines où un ministère peut disparaître à l’improviste. La session parlementaire, il est vrai, a semblé un instant se survivre par les conseils-généraux qui viennent de se réunir, où les partis ont pu se retrouver encore en présence, ne fût-ce que dans l’élection des présidens ; mais pour une de ces assemblées où les passions ont pu se raviver à demi et se déployer dans des escarmouches assez futiles, la plupart restent sans effort dans leur modeste rôle d’assemblées locales. Elles s’inspirent du sentiment du pays, et le sentiment du pays, aujourd’hui plus que jamais, c’est le goût du repos mêlé d’une certaine crainte des soubresauts de la politique, d’une certaine indifférence pour des luttes qu’il ne comprend pas toujours. Tout ce qu’il demande, ce pays si énergique au travail si sensé et si modéré dans ses vœux, c’est qu’on ne le trouble pas inutilement, qu’on le laisse poursuivre son œuvre, réparer ses forces dans la paix dont il a besoin ; tout ce qu’il désire, c’est que sous prétexte de parler en son nom, on ne prétende pas le plier à tous les caprices, le faire tour à tour républicain, royaliste ou impérialiste, clérical